COMMUNES : LETTRE V
Voici la dernière lettre, les communes de la lettre V
VALDEBLORE : De nombreux vestiges (cippes funéraires du Ier siècle, pièces de monnaie) attestent la présence des Romains. Lors du recensement des paroisses du diocèse de Nice, en 1067, celle du Valdeblore comportait quatre hameaux: Saint Dalmas, La Bolline, La Roche et Mollières. Le plus ancien des quatre est celui de Saint-Dalmas, où un prieuré est fondé, bien avant l'an mille, par les moines de l'abbaye bénédictine de Saint-Dalmas de Pedona (Borgo San Dalmazzo, près de Cuneo, dans le Piémont). L'église de Saint-Dalmas, dédiée à L'invention-de-la-SainteCroix, est bâtie sur les fondations du prieuré primitif. À l'origine, le fief appartient aux Rostaing de Thorame, en coseigneurie avec les prieurs du monastère cloîtré de Saint-Dalmas-Valdeblore. En 1352, Pierre Balb, dernier descendant des Thorame, en est le feudataire. En 1381, à la suite de sa rébellion contre la reine Jeanne, la plupart de ses biens sont confisqués et donnés à Jean Grimaldi de Beuil. En 1388, Valdblore passe sous le protectorat conditionnel de la Savoie lors de la dédition. En 1656, à la suite de désaccords, les villages de Saint-Dalmas, La Roche et La Bolline s'étaient séparés. Une douzaine d'années plus tard, les trois communautés d'habitants renoncent à cet acte de division. Les chefs de famille signent une convention et demandent la réunion des biens, revenus et dettes. C'est ainsi qu'est créée, le 10 juillet 1669, la commune de Valdeblore. Quant au hameau de Mollières, il est mentionné comme appartenant à la juridiction de La Roche et de La Bolline. Valdeblore était dirigé par un conseil de 6 membres élus, avec un syndic désigné pour un an, par chaque village à tour de rôle. En 1716, une nouvelle convention réactualise ces accords. En 1669, le duc de Savoie concède le fief à Jean Ribotti, en faveur duquel il est érigé en comté. Le hameau de Mollières, sera après l’annexion de 1860 conservé par le Piémon-Sardaigne, devenant ainsi italienne en 1861, le hameau réintégrera le territoire de la commune de Valdeblore en 1947.
VENANSON : Primitivement, Venanson était une possession des comtes de Thorame-Glandèves. La mention in castro Venacione qui apparaît au XIe siècle, fait état des dîmes du village reversées par ses feudataires, les Rostaing Raynardi (apparentés aux Glandèves), à l'église Notre-Dame-de-Cimier. Au XIIIème siècle, Venanson devient une communauté d'habitants autonome, sous la dépendance directe du comte de Provence. Elle est dirigée par une assemblée de chefs de famille qui détient le pouvoir législatif. Elle édicte ses propres lois, sous l'autorité d'un bayle qui représente le suzerain provençal. À partir de la dédition de 1388, cette communauté passe le protectorat conditionnel de la Savoie. Malgré son vaste domaine forestier qui lui procure des ressources importantes, le village a des dettes envers le duc de Savoie. En 1699, Victor-Amédée Il le vend à Jean Ribotti. Le nouveau feudataire ne conserve pas longtemps le fief car, en 1700, ce dernier est concédé aux Alziari, pour lesquels il est érigé en comté. Ensuite, Venanson passe successivement aux Genesi, Laurenti, Trinchieri et Belli. Dans le passé, les Venansonnois ont eu des différends avec les habitants de Saint-Martin-Vésubie pour des questions de limites territoriales. Ils ont même été en procès au sujet du pont de la Facciaria, qui enjambe le Boréon. Actuellement, les ventes de coupes de bois représentent la principale ressource des villageois. En effet, la forêt, qui occupe un versant exposé principalement au nord, en face du village, s'étend sur plus de 1.000 hectares. Elle est composée d'arbres magnifiques et plus que centenaires pour certains. D’autres activités tiennent également une place importante dans la vie économique : l’élevage de bovins et d’ovins et la culture de la lavande. En effet, les pentes exposées au soleil sont couverte de lavande sauvage dont les fleurs servent à la production d’huile essentielle.
VILLARS : (Villars-sur-Var) Le territoire était occupé par la tribu celto-ligure des Eguituri lorsqu'il fut annexé par les Romains, en 54 avant notre ère. Le site primitif de Roccaria, sur la colline Saint-Jean, est abandonné vers l'an mil pour celui du plateau de Savel. Vilario est mentionné pour la première fois en 1078, dans le cartulaire de la cathédrale de Nice, lors d'une donation qui lui est faite par Laugier Rostaing, un membre de la famille des vicomtes de Nice. Au XIIème siècle, il passe sous la domination des comtes de Provence et il est inféodé successivement aux moines bénédictins de l'abbaye de Lérins, à la famille seigneuriale des Thorame-Glandèves, puis aux Templiers. Lors de l’affouage de 1315, 134 feux sont recensés (environ 670 personnes). Après la dédition de 1388, la seigneurie passe sous le protectorat de la maison de Savoie, qui la concède aux Grimaldi de Beuil. Les nouveaux seigneurs construisent un magnifique château dont ils font leur résidence principale, et Villars devient la capitale de leur vaste territoire. En 1412, à la suite de plusieurs révoltes des Grimaldi de Beuil, Amédée VIII donne l'ordre de détruire le château de l'Espéron. Il est reconstruit par les comtes de Beuil dès leur retour en grâce. En 1621, après l'exécution d'Annibal Grimaldi, ce sont les Solaro, marquis de Dogliani, qui sont gratifiés de la seigneurie (ainsi que celle de Bairols) par le duc de Savoie. Elle passe ensuite aux comtes Vergagno, puis en 1723, aux Salmatoris Rossillion de Cherasco, en faveur desquels elle est érigé en comté. Ils en furent les derniers feudataires. Lors des guerres opposant la Savoie à la France, Villars sera brûlé par les troupes françaises de Catinat en 1691. Les principales ressources de la commune proviennent du tourisme et de son vignoble réputé.
VILLEFRANCHE : (Villefranche-sur-Mer) Des traces d'habitats datant de l'âge du fer ont été découvertes sur le mont Leuze. Le territoire est ensuite occupé par les Ligures puis par les Romains. L'abri sûr qu'offre la rade était déjà connu des Grecs. Quant aux Romains, ils citent l'ancrage d'Olivula Portus. Jusqu'en 1904, année de leur séparation, le territoire de Villefranche englobait celui de Saint-Jean-Cap-Ferrat, et il s'étendait jusqu'à Èze. Beaulieu avait obtenu son autonomie en 1891. Un village avait été créé sur une éminence, près du cap Roux. À partir du VIIe siècle, les incursions des Sarrasins devenant de plus en plus fréquentes, les hameaux du bord de mer sont abandonnés au profit d'un site défensif sur les hauteurs, où la population bâtit une agglomération fortifiée, Montolivo. Vers 780, les Sarrasins établissent un campement de base au Fraxinet, dans le massif des Maures, et un autre sur la presqu'île boisée de Saint-Jean-Cap-Ferrat (au lieu-dit Saint-Hospice) ce qui leur permet de lancer des raids dévastateurs sur toute la région. Ils n'en sont chassés que vers 973-974 par Guillaume le Libérateur. Le castrum de Montolieu ou Montolivo est mentionné pour la première fois aux XIIe siècle, dans le cartulaire de la cathédrale de Nice. Au XIIIe siècle, le comte de Provence Charles II d’Anjou, conscient de l’importance stratégique de la rade, et dans le but de protéger les navigateurs et les marchands y fait construire un port et une cité. Pour encourager le retour des populations sur le littoral, et accélérer ainsi le peuplement de la ville nouvelle, il leur accorde un certain nombre de franchises commerciales et d'exonérations de taxes. Pour protéger les habitants des incursions sarrasines, la ville est entourée d'une haute muraille percée de quatre portes. La charte entérinant la fondation de Vilafranca est signée le 10 août 1295. En 1388, Villefranche traite avec la Maison de Savoie et passe sous son protectorat et devient un port d’importances pour les États (essentiellement alpins) de la maison de Savoie, car celui de Nice ne fut creusé qu'en 1750. Au cours des siècles, la ville et son port éveillèrent bien des convoitises. Ils furent maintes fois assiégés, pillés et annexés, successivement par les maisons d'Espagne, d'Autriche et de France, et ce jusqu'à la Révolution. En 1543, la rade est occupé par les galères turques de Barberousse et la flotte de François Ier. À partir de 1556, afin de protéger son débouché vers la mer, le duc Emmanuel-Philibert de Savoie entreprend la construction d'un puissant système de fortifications (la citadelle SaintElme, le môle de la Darse, les forts du mont Alban et de la pointe Sainte-Hospice). Malgré cela, la ville est prise par les Français en 1691, en 1705 (guerre de Succession d'Espagne) et en 1744 (guerre de Succession d'Autriche). En 1700, la seigneurie est érigée en comté et concédée aux Germano. Elle passe ensuite aux Auda et aux Dani. En 1725, Victor-Amédée II, devenu roi de Piémont-Sardaigne, fait agrandir son port militaire de Villefranche pour abriter les galères royales. À l'ouverture du port Lympia de Nice, en 1752, celui de Villefranche, qui percevait un droit sur tous les navires marchands, perd de son importance commerciale. Après vingt-deux ans de présence française, le traité de Paris (1815) restitue le comté de Nice au roi Victor-Emmanuel Ier. Cette convention comporte une clause lourde de conséquences pour les ports de Nice et de Villefranche : la suppression de la République de Gênes et son rattachement au royaume sarde. Avec l'annexion du port génois, le rôle militaire de celui de Villefranche diminue, accentuant son déclin. Quant à celui de Nice, il perd son rôle de débouché commercial privilégié. Au XIXe siècle, à la suite des accords conclus entre Victor-Emmanuel II et l'impératrice douairière Alexandra Feodorovna (veuve de l'empereur Nicolas Ier), les Russes installent à Villefranche une base d'avitaillement pour leurs navires. Ce dépôt de charbon est situé dans l'ancien bagne des ducs de Savoie, construit au XVIIIe siècle. En 1878, à la suite de l'interdiction qui est faite à la Marine impériale de faire naviguer ses bâtiments en Méditerranée, cette base, la Maison russe, est désaffectée. À partir de 1885, elle se transforme en laboratoire scientifique. En 1917, après la révolution d'Octobre, l'équipe russe qui dirige ce laboratoire est isolée car la France ne reconnaît pas le gouvernement soviétique. Ce laboratoire est nationalisé en 1931 et depuis, il est devenu un Observatoire océanologique et une station zoologique.
VILLENEUVE-D’ENTRAUNES : Il n'est pas impossible qu'à l'époque romaine, le site ait été occupé par le village d'Abusiscum. En effet, d'après la tradition, un bourg primitif et son église ont existé sur la rive droite du Bourdous, mais ils furent détruits par les crues de ce torrent. Quant à la création de Vilanova, elle date du XIIe siècle. Elle a pour origine un prieuré qui relevait de l'abbaye bénédictine Saint-Eusèbe d'Apt, et autour duquel les habitations se sont regroupées. L'histoire de Vilanova se confond avec celle d'Entraunes car le village fit longtemps partie de la même seigneurie. Vers l'an mille, le Val d'Entraunes était inféodé à de grandes familles seigneuriales (les Glandèves, puis les Balb, Rostaing et Féraud de Thorame) sous la dépendance des comtes de Provence. Au XIIe siècle, les habitants se font accorder d'importantes franchises par leur suzerain et jouissent de véritables libertés administratives, comparables à celles de villes consulaires comme Grasse et Nice. En 1388, le Val d'Entraunes traite avec la Savoie et passe sous son protectorat avec la garantie du maintient de leurs libertés. Ils demandent également à être rattachés à la viguerie de Puget-Théniers. En effet, le Val d'Entraunes faisait partie de celle de Barcelonnette, or les voies de communication entre le haut Var et l'Ubaye étaient coupées six mois par an, en raison d'un fort enneigement. Saint-Martin et Entraunes n'obtiennent pas gain de cause, contrairement à Villeneuve et Châteauneuf qui sont rattachés à Puget-Théniers. La région devenue matche-frontière, subi pendant plusieurs siècles les nombreuses guerres opposant les rois de France à la maison de Savoie. En 1543, Villeneuve est occupée par Jean-Baptiste Grimaldi, seigneur d'Ascros, puis, en 1594 et en 1597. En 1616, Charles-Emmanuel Ier de Savoie cède ses droits sur diverses terres du comté de Nice, dont le Val d'Entraunes, à Annibal Badat qui était le gouverneur de Villefranche. Les communautés rachetèrent leur indépendance contre 1.500 ducatons, et, par lettre-patente du 4 juin 1621, le duc révoque cette inféodation. Toutefois, en 1696, Victor-Amédée II, dans le but de renflouer les caisses de son duché réclame aux quatre communautés un rappel d’impôts impayés entre 1388 et 1645. Ne pouvant le payer, elles sont vendues et inféodés. L’ensemble des juridictions fut adjugé pour 8 000 livres. Après deux ans de négociations, les dites communautés purent racheter leur libertés. En 1702, elles sont pratiquement libérées de leurs éphémères seigneurs. Villeneuve rachète le titre comtal en 1733 et redevient ainsi « comtesse d'elle-même ». En 1793, le comté de Nice est envahit puis annexé par la France. En 1814, lors de la Restauration sarde, il est réintégré dans le royaume de Piémont Sardaigne. En 1860 Le village sera annexé par la France comme le reste du pays de Nice. Au cours des siècles, Villeneuve a subi de nombreux autres maux. Il est plusieurs fois dévasté par les crues du Bourdous et par des incendies (en 1565 et le dernier en 1924).