COMMUNES : LETTRE S
SAINT-ANDRE : En 999, Odile et Miron, podestats de la ville de Nice, font donation à l’abbaye de Saint-Pons du quart d’un village dénommée La Rocca, avec les terres attenantes, en contrebas du castrum Revello. Au cours du XIe siècle, les trois quarts restants sont inféodés à un certain Willelmus de Rocca dont le nom apparait dans une donation faite en 1075 par Laugier Rostaing, en faveur du monastère de Saint-Pons. Le castrum de La Rocca est mentionné en 1108, il fait partie d’une liste de châteaux fort sur lesquels l’Eglise possède des droits. Bien qu’elle ait certainement été édifiée avant le castellum, la présence d’une église n’est confirmée qu’en 1156. Au XIIIe siècle, au cours des conflits opposant Nice et la Provence, de nombreuses forteresses sont détruites, dont celle de La Rocca. C’est à cette période que disparait la famille seigneuriale à qui appartenait ce fief, et que s’implantent les Chabaud, seigneurs de Tourrette-Levens depuis le XIIe siècle. En 1252, le castrum de La Rocca est mentionné comme détruit, seule l’église est mentionnée au milieu du XIVe siècle. En 1388, lors de la dédition de Nice à la Savoie, le castrum n’est d’ailleurs pas mentionné dans la liste des communes s’alliant et passant sous la protection de la Savoie. Un acte du 6 avril 1463 confirme qu’il s’agit d’un lieu inhabité. En 1555, alors que l’abbaye de Saint-Pons possède toujours un quart du territoire de La Roque, Jean Chabaud cède les trois quart restants, ainsi que Revello (Revel), à son gendre Melchior Micchelotti. En 1606, médecin du duc de Savoie, Pierre Thaon, seigneur de Lantosque, épouse l’héritière de la Roque et devient ainsi le seigneur du fief. C’est à cette époque que le château actuel, qui a été construit sur les soubassements de l’ancienne place forte, est mentionné pour la première fois. En 1685, Pierre-Antoine Thaon acquiert le lieu-dit Revel, situé à Tourrette. En 1687, Revel et Saint-André sont érigé en comté, en 1800, Charles-François Thaon de Revel est élevé à la qualité de marquis. En 1860, suite à l’annexion de Nice par la France, la famille Thaon de Revel, s’exile (comme beaucoup de niçois pendant cette période) en Italie.
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SAINT-ANTONIN : Les nombreux vestiges qui ont été retrouvés sur le site attestent qu’il fut occupé par les Celto-Ligures, les Romains (tuiles romaines, cimetière antique) et également des Sarrasins bien plus tard. Le castrum de Sanct Antolin fait partie des communautés d’habitants mentionnées, en 1296, dans l’enquête effectuée par le comte de Provence. Au XIVe siècle, le fief appartient aux Flotte, qui sont également les seigneurs de Cuébris. En 1471, le village est déclaré « lieu inhabité ». De 1772 et jusqu'à la révolution française, Saint-Antonin est inféodé aux Trinchieri, en coseigneurie avec les seigneurs de La Penne. En 1760, lors du 1er traité de Turin, Saint-Antonin fait partie des localités françaises cédées au Piémont-Sardaigne en intégrant le comté de Nice. A partir de cette date, l’histoire de Saint-Antonin se confondra avec celle du comté de Nice.
SAINT-BLAISE : Domaine de l’abbaye de Saint-Pons, la Villa Sancti Blasii est mentionnée dès 1075. Au XIIe siècle, un bourg primitif s’est développé à l’emplacement de l’église actuelle. Au début du XIIIe siècle, l’abbé commendataire de Saint-Pons concède le fief à la famille Chabaud de Nice, et fait édifier un château fort sur une colline, en surplomb du village. Lorsque la concession prend fin, en 1262, les moines de Saint-Pons reprennent la gestion directe de leur domaine. C’est également à cette période que les limites territoriales sont fixées entre Sain-Blaise, Levens, Tourrette-Levens et Aspremont. Entre 1364 et 1461, date à laquelle il est déclaré lieu inhabité, Saint-Blaise n’est mentionné dans aucun texte. Il est probable qu’à la suite de guerres et d’épidémies, les habitants l’ont déserté. En 1607, Louis Grimaldi de Beuil, réussit à implanter une nouvelle population grâce à un acte d’habitation, avec le système de bail emphytéotique. Le territoire de Saint-Blaise fut découpé en quartons et concédé à des familles (une trentaine en 1688, puis une cinquantaine en 1750). Les emphytéotes défrichèrent, construisirent des restanques et plantèrent de la vigne, des oliviers et des arbres fruitiers (agrumes et figuiers). En 1777, l’abbé Antoine-François Rambaudi fonde une paroisse, mais la chapelle étant trop petite, elle est détruite en 1782 pour permettre la construction d’une église plus vaste. En 1793 Saint-Blaise devient une commune.
SAINT-DALMAS-LE-SELVAGE : Le territoire fut occupé par les Ligures puis les Romains. L’église est citée dès le XIe siècle. Des textes de 1246 mentionnent un prieuré relevant de l’abbaye bénédictine de Saint-Dalmas de Pedona, ainsi qu’un village crée par les Templiers. A partir de 1308 avec la dispersion des membres de cet ordre, Saint-Dalmas-le-Selvage va dépendre entièrement de Saint-Etienne-de-Tinée, et ce jusqu’en 1383. le village, construit au croisement des chemins de plusieurs vallées, étant également une étape importante sur la route de Nice à Embrun. Cette situation stratégique lui fit subir de nombreuses guerres et occupations. En 1700, le fief est érigé en comté en faveur d’Erige Emeric.
SAINT-ETIENNE-DE-TINEE : Le comté de Tinée (Comitans Tenearum) apparaît pour la première fois dans une charte de 1066 qui mentionne également les villages de Lieudola (Isola), Sancti Stephani Tiniensis et Ecclesiam Beati Dalmatii. Il relève alors de l’évêché de Nice. Dans une charte de 1067, l’évêque rétrocède à Rostaing Rainard, grand feudataire de la haute Vésubie, de la haute Tinée et du Val de Blore, la moitié des dîmes provenant des églises et prieurés. A la mort de ce dernier vers 1100, c’est son fils Pierre qui reçoit l’investiture pour la haute Tinée. Au XIIIe siècle, le fief passe aux Faucon (issus des Glandèves et des Thorame). Un document daté de 1297 nous apprend qu’Aldebert de Faucon, coseigneur du fief, a été assassiné et que son meurtrier, Guillaume Galléan a été exécuté et ses possessions confisquées. Lors de l’affouage de 1315, 360 feux sont recensés (1 800 habitants environ). Au début du XIVe siècle, les frères Rostaing et Guillaume de Faucon, qui portent le titre de Seigneurs de Saint-Etienne, sont coseigneurs d’Isola, de la haute Tinée et de Saint-Dalmas. Leurs fils respectifs n’ayant pas de descendance, les fiefs échoient en partie à Andaron Grimaldi (vers 1338). 1388 Dédition à la Savoie. Les Balb, alliés des comtes de Provence, partent en exil et leurs biens sont confisqués. Le comte de Savoie Amédée VII s’engage à ne pas concéder Saint-Etienne en fief. Malgrès cela, en 1700, la localité est inféodée à Jean Chinea, pour lequel elle est érigée en comté. En effet, le duché de Savoie étant dans une situation financière catastrophique, Victor-Amédée II vend certain fiefs non inféodés, ne respectant pas ainsi les engagements de ses ancêtres. Les habitants protestèrent mais finirent par reconnaître au duc le droit d’inféodation. Le nouveau comte s’engagea à « ne se servir des fours, moulins, herbages, pâturages, terres gastes et bois que comme premier communier », ce qui réduisait au maximum ses droits et privilèges. Saint-Etienne-de-Tinée sera, comme le reste du Pays de Nice, envahit et occupé de 1792 à 1814 par les troupes révolutionnaire puis impériales française. Avant d’être restitué à la Sardaigne en 1815 et fut de nouveau annexée par la France en 1860.
SAINT-JEAN-CAP-FERRAT : En 1904, Saint-Jean-Cap-Ferrat obtient son détachement de Villefranche et devient une commune autonome de cette dernière. Jusqu’à cette date, son histoire s’est confondue avec celle de sa commune tutélaire. Comme l’attestent les nombreux vestiges retrouvés sur la presqu’île, elle fut habitée à une époque très ancienne. Les Ligures, les Grecs et les Romains s’y sont succédé. Au VIe siècle, alors que la région est occupé par les Lombards, Saint-Hospice y vit en ermite et prédit les incursions des Sarrasins. Lorsqu’il meurt en 580, son corps est inhumé au sommet de la colline sur laquelle est construit un oratoire, remplacé ultérieurement par la chapelle Saint-Hospice. Vers 780 les Sarrasins établissent un campement de base au Fraxinet, dans le massif des Maures, et un autre sur cette presqu’île boisée (au lieu-dit Saint-Hospice) ce qui permet de lancer des raids dévastateurs sur toute la région. Ils n’en seront chassés que vers 973 par Guillaume le Libérateur. La forêt qui recouvre le territoire est incendiée à cette époque. Construit en 1561 sur ordre du duc de Savoie Emmanuel-Philibert, le fort de Saint-Hospice est détruit en 1706 (comme le château de Nice) sur ordre de Louis XIV durant l’occupation du pays de Nice par la France. En 1827, un premier phare est édifié par les Sardes, il remplace une ancienne tour à feu. Saint-Jean reste un village de pêcheurs jusqu’à la fin du XIXe siècle, les premières villas furent construites dans les années 1900. Depuis lors, Saint-Jean-Cap-Ferrat est devenu l’un des sites les plus prestigieux du littoral du Pays de Nice.
SAINT-LEGER : Le castrum Sancti Laugerii est mentionné pour la première fois en 1262 comme appartenant aux Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem qui étaient implantés à La Croix, une de leurs principales commanderies. En 1338, il est cité comme faisant partie du bailliage de ladite commanderie, sous suzeraineté des comtes de Provences, en coseigneurie avec des seigneurs locaux ainsi qu’avec celui de Daluis. A cette époque, Saint-Léger contrôle une des principales voies de communication vers Daluis. La population paya un lourd tribut à la Grand Peste de 1348 et aux épidémies suivantes : le village comptait 49 foyers en 1313, seulement 15 en 1364. En 1471, il est déclaré lieu inhabité. Toutefois, l’ordre des Hospitaliers conserve ses prérogatives et la coseigneurie est maintenue. En 1585, les coseigneurs cèdent leurs droits au prévôt de Glandèves, puis à René de Castellane, seigneur de Daluis, jusqu’en 1670, date de la cession du fief aux Villeneuve. Lors du premier traité de Turin de 1760, Saint-Léger est cédé au royaume de Piémont-Sardaigne (comme Auvare, Cuébris, Daluis, La Croix, Guillaumes, La Penne, Puget-Rostang et Saint-Antonin). Le 7 mars 1783, les Villeneuve-Beauregard, après autorisation du roi de piémont-Sardaigne, vendent le fief au sénateur Antoine Gaétan Acchiardi, Quelques mois plus tard, ce dernier est investi du titre de comte par Victor-Amédée III. L’histoire de la commune se cofondera ensuite avec celle du Pays de Nice.
SAINT-MARTIN-D’ENTRAUNES : Le castrum Sancti Martini de Nogeretto est mentionné pour la première fois vers 1150. Son histoire se confond ensuite avec celle des trois autres villages du Val d'Entraunes car ils firent longtemps partie de la même seigneurie. Vers l'an mille, ces bourgades étaient inféodées à de grandes familles seigneuriales (les Glandèves, puis les Balb, Rostaing et Féraud de Thorame) sous la dépendance des comtes de Provence. Au XIIe siècle, les habitants se font accorder d'importantes franchises par leur suzerain et jouissent de véritables libertés administratives, comparables à celles de villes consulaires comme Grasse et Nice (voir Châteauneuf-d'Entraunes, Entraunes, Peille et Utelle). À cette époque, l'abbaye de Saint-Saturnin d'Apt disposait d'un prieuré à Saint-Martin. En 1388, le Val d'Entraunes traite avec le comte Amédée VII de Savoie lors de la décision. Les habitants obtiennent de Jean Grimaldi de Beuil, représentant officiel de la Savoie, que la charte garantissant leurs libertés ainsi que leurs droits et devoirs soit reconduite. Ils demandent également à être rattachés à la viguerie de Puget-Théniers. En effet, le Val d'Entraunes faisait partie de celle de Barcelonnette, or les voies de communication entre le haut Var et l'Ubaye étaient coupées six mois par an, en raison de l'enneigement. Saint-Martin et Entraunes n'obtiennent pas gain de cause contrairement à Villeneuve et Châteauneuf qui sont rattachés à Puget-Théniers. En 1616, Charles-Emmanuel Ier de Savoie cède ses droits sur diverses terres du comté de Nice dont le Val d'Entraunes, à Annibal Badat (le gouverneur de Villefranche). Les communautés rachètent leur indépendance contre 1.500 ducatons. Par lettre-patente du 4 juin 1621, le duc s'engage à ne plus les inféoder. Toutefois, en 1696, Victor-Amédée II, dans le but de renflouer les caisses de sort duché, réclame aux quatre communautés un rappel d'impôts impayés entre 1388 et 1645. Ne pouvant le payer, elles sont vendues : Châteauneuf à l'abbé Collet-Papachino, Entraunes au gentilhomme entraunois Louiquy, Saint-Martin à un Chenillat de Péone et Villeneuve à un certain Michel-Ange Codi, de Turin. L'ensemble des juridictions fut adjugé pour 8.000 livres. Après deux ans de négociations, lesdites communautés purent racheter leur liberté. En 1702, elles sont pratiquement libérées de leurs éphémères seigneurs et réinvesties du titre apprécié de «comtesse d'elle-même » . En 1718 (traité de Paris), Louis XV récupère Le Mas mais, en contrepartie, les villages d'Entraunes et de Saint-Martin sont détachés de la viguerie de Barcelonnette (devenue française en 1713, traité d'Utrecht), et sont maintenus dans le comté de Nice. En 1744, les Gallispans (troupes franco' espagnoles) incendient le bourg et détruisent le fort que Jean Grimaldi de Beuil avait fait construire en 1388. En 1778, le hameau de Saint-Martin demande à être détaché d'Entraunes et devient une commune indépendante,
SAINT-MARTIN DU VAR : Cet ancien hameau de La Roquette-sur-Var a partagé l'histoire de sa commune de tutelle jusqu'au 27 avril 1867, date de leur séparation. Au IXe siècle, quelques maisons et une petite église dédiée à saint Martin sont établies au bord du fleuve, en contrebas de La Roquette (subtus castrum qui nominant Rocheta). Au XIe siècle, il est fait mention d'une chapelle construite par les Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. En 1028, un certain Gisbermus, de la famille des vicomtes de Nice, fait don aux moines de Saint-Pons de l'église Saint-Martin et des terres alentour. Cette donation est confirmée en 1075. Elle représente un des plus grands domaines administrés par cette abbaye. En général, peu d'habitats anciens étaient établis au bord du fleuve. L'existence de Saint-Martin à cet endroit est probablement due au fait qu'il est situé à la confluence du Var et de l'Estéron, là où étaient triées les coupes de bois provenant, par flottage, des hautes vallées. Il y avait également plusieurs moulins et scieries. C'est là que se trouvait le gué de Bon Port. En 1388, La Roquette-Saint-Martin, passe sous le protectorat conditionnel de la maison de Savoie. Les grands travaux entrepris par le roi de Piémont-Sardaigne pour endiguer le Var (1844-1849) et la construction) du pont Charles-Albert, désenclavèrent la vallée de l'Estéron. L'essor économique que cela entraîna fut encore accéléré avec l'ouverture de la ligne de chemin de fer, en 1892. En 1897, une briqueterie est construite.
SAINT-MARTIN-VESUBIE : Le territoire fut habité par les Ligures avant d'être annexé par les Romains. Il subit également l'occupation des Sarrasins. Au XIe siècle, après l'expulsion de ces derniers, il est inféodé à des seigneurs locaux. Le prieuré de Saint-Martin a été fondé par l'abbaye bénédictine de Saint-Dalmas de Pedona (Borgo San Dalmazzo, Piémont). Quint au sanctuaire de la Madone de Fenestre, il a probablement été administré par les Templiers jusqu'en 1307, Epoque de leur arrestation. Le village, construit au XIIIe siècle, s'affranchit très vite de la tutelle des seigneurs féodaux et se place sous l'autorité directe des comtes de Provence. Sa situation stratégique en fait une importante place forte. En effet, il commandait le col de Fenestre qu'empruntaient les troupes du comte de Provence lorsqu'il lançait des expéditions contre le Piémont. En 1388, le village fait dédition à la Savoie. Toutefois, Saint-Martin restera toujours une ville libre administrée par des consuls, sauf en 1684, lorsque Jérôme-Marcel de Gubernatis, le président du sénat de Nice, obtint par surprise qu'elle lui soit inféodée. Cette éphémère inféodation fut révoquée la même année. Étape sur la route de Nice au Piémont, Saint-Martin-Vésubie devient très prospère et la construction, entre 1430 et 1434, de plusieurs ponts sur la Vésubie vont accélérer son développement économique. En janvier 1470, un terrible incendie détruit les deux tiers du village ainsi que les fabriques de draps et les entrepôts de laine (ces marchandises furent évaluées à 160.000 florins d'or). Situé à proximité d'une frontière, Saint-Martin subit toutes les guerres entre la Savoie et la France, et pendant la Révolution, Il fut durement touché par les réquisitions.
SAINT-SAUVEUR-SUR-TINEE : II est probable qu'un habitat primitif était regroupé autour du prieuré que les Bénédictins avaient fondé sur le site, un VIe siècle, et qu'ils avaient dédié au Christ (d'où l'origine du nom). Au début de l'an mille, Rostaing de Thorame, un descendant direct de la famille seigneuriale de Castellane, règne sur la haute Tinée. Il possède Puget-Rotang, Isola, Rimplas, Roquestéron, Roure, Saint-Sauveur, Saint-Étienne, Valdeblore, Villars. En 1009, il épouse une fille de la maison vicomtale de Nice. Toutefois, ce n'est qu'au XIIe siècle que l'habitat fortifié de Sancti Salvatoris est mentionné pour la première fois. Vers le milieu du XIIIe siècle, Raymond Rostaing est le seigneur du fief, lequel appartient ensuite aux Thorame-Glandèves. Lors de l'affouage de 1315, le village comptait 68 feux (environ 370 habitants). Entre 1351 et 1391, il est inféodé aux descendants des Rostaing, Pierre et Philippe Balb avant de revenir à la maison de Savoie. Saint-Sauveur appartient ensuite aux Badat. Le 30 mars 1444, le comte de Savoie concède aux habitants la liberté d'élire leur bayle : ils ont ainsi le droit de juridiction et peuvent s’administrer totalement. En 1452, ce sont les Raiberti qui sont investis du fief. Jusqu'en 1699, plusieurs autres notables niçois se succèdent à cette charge. Toutefois, en avril 1699, Victor-Amédée II demande à la communauté (comme à 17 autres villages) de payer des impôts qu'elle ne versait plus depuis près de trois siècles. Les habitants ne pouvant le faire, le duc supprime alors leurs libertés communales et les inféodent. En 1700 l'avocat niçois Jean-François Ghisi est investi du fief avec le titre de comte. Toutefois, cette inféodation est purement honorifique et ne modifie en rien la gestion de la commune. En 1793, Saint-Sauveur est annexé par les révolutionnaires français, mais en 1814, comme tout le comté de Nice, il redevient sarde. En 1860, le village est annexé par plébiscite truqué comme le reste du Pays de Nice, mais une partie de son territoire de montagne reste terres de chasse du roi d'Italie jusqu'en 1947. Grand centre pastoral et siège de foires importantes, le village a été pendant longtemps la capitale de la moyenne Tinée.
SAINTE-AGNES : Les nombreux vestiges retrouvés à proximité des ruines du château attestent que le territoire était déjà occupé au néolithique. Il le fut sans interruption pendant toute la période de l'Antiquité jusqu'au Vile siècle de notre ère, et de nouveau à partir du Moyen Âge. Le castrum de Sancta Agneta est mentionné dans des documents écrits datant de 1170, c'était alors un fief du comte de Vintimille. En 1258, le comte Guillaume III de Vintimille cède ii la comtesse Béatrice, tutrice du comte de Provence Charles Ier d'Anjou, ses terres du Val de Lantosque et celles ayant appartenu à son père, dont les castra de Sainte-Agnès, Gorbio, Tende, La Brigue, Castellar et Castillon. En 1388, Sainte-Agnès, comme toute la région, traite avec la Maison de Savoie et passe sous son protectorat conditionnel. À partir de cette période, le fief est inféodé à de nombreuses familles seigneuriales des environs, en particulier aux Lascaris et aux Grimaldi. Au XVe siècle, les villageois abandonnent le site primitif et créent une nouvelle agglomération, à une cinquantaine de mètres en contrebas, son emplacement actuel. En 1676, Honoré Léotardi devient baron de Sainte-Agnès. Cette famille détenait également le titre de comte de Bouyon et de Pierlas, en coseigneurie avec les Caïs et les Pigna. En 1766, c'est en faveur des Auda qu'il est érigé en comté, et en 1784, les Cagnoli en sont les feudataires.
SAORGE : Avant d'être annexée par les Romains, qui la rattachent au municipe d'Albintimilium (Vintimille), la région était habitée par la tribu ligure des Sorgontii. Lorsque commença la période des Grandes Invasions (Goths, Lombards et des razzias sarrasines, ces Ligures romanisés, qui vivaient sur la rive droite de la Roya, se réfugièrent sur ni site plus défensif de la rive gauche. À partir du Xe siècle, le castrum de Saurgio appartient aux comtes de Vintimille sous la suzeraineté du marquis de Turin, lui-même vassal de l'empereur du Saint Empire romain germanique. Les textes de 1092 mentionnent que les Saorgiens font donation à l'abbaye de Lérins de l'église de la Madrure dei Poggio. Dans la première moitié du XIe siècle, Ardoin de Suze, marquis de Turin, concède sin habitants de Tende, La Brigue et Saorge leurs premières libertés et franchises. Cette charte est signée par ses vassaux Conrad et Othon de Vintimille. Probablement à cause de la transhumance, ces privilèges sont garantis « jusqu’à la mer ». En 1233, lorsque les comtes de Vintimille font acte d'allégeance à la République de Gênes, les habitants de Saorge signent un pacte d'alliance avec ceux de Breil, La Brigue et Tende. En 1258, les comtes Georges et Boniface de Vintimille cèdent leurs droits sur Saorge et Breil au comte de Provence Charles Ier d'Anjou. Lors de la dédition de 1388, les villages traites avec le comte de Savoie et passe sous son protectorat. La position géographique du village, défendu par plusieurs châteaux forts, et dont les fortifications sont renforcées, en fit un avant-poste important pour la maison de Savoie car il verrouillait la vallée de la Roya. Situé sur la route du sel (l'antique Via Municipalis / Via Salaria) son importance stratégique va décroître lorsque le duc Charles-Emmanuel Ier de Savoie fait, en 1600, ouvrir le Grand Chemin ducal. En 1465, l'agglomération est détruite par un terrible incendie et en 1631, la population de la région est décimé par la peste. En 1700, le fief est inféodé aux Solaro, puis aux Roffredo (1710) en faveur desquels il est érigé en comté. En 1794, Après une longue résistance des milices et des barbets posté à l'intérieur de Saorge, le village tombera finalement entre les mains des révolutionnaires français. en 1814 Saorge réintegre Le Piémont-Sardaigne et sera ensuite annexé par la France en 1860 lors du plébiscite truqué. Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, les habitants furent évacués à Cannes (en juin 1940) et déportés à Turin en décembre 1944.
SAUZE : Comme l'attestent de nombreux vestiges, le territoire fut habité par des peuplades néolithiques, puis par les ligures et les Romains (tombes néolithiques, tuiles et fragments d'inscriptions romaines). L'agglomération primitive et son château étaient situés à Sauze-le-Vieux. Ils sont mentionnés dans des documents datant du XIIIe siècle. À partir de la dédition de 1388, le village devient une enclave savoyarde entourant les terres de Guillaumes. En raison de sa situation de marche frontière, il va subir pendant plusieurs siècles les conflits entre la maison de Savoie et la France. Sauze formait deux fiefs, celui du bourg proprement dit et celui du Cartiere (Quartier), un important lieu de pacage qui correspond au hameau des Moulins. Ils sont très tôt partagés entre plusieurs feudataires dont les Daluis, Blacas, Rostaing, Faucon, ainsi que les Grimaldi de Beuil. En 1621, à la suite de l'exécution d'Annibal Grimaldi, le Cartiere est confisqué à cette famille. Toutefois, une partie de la seigneurie était restée aux Faucon (les descendants d'une branche des Glandèves), qui en étaient les coseigneurs depuis 1481. Ils en furent de nouveau investis officiellement le 23 juin 1622 et présidèrent aux destinées du village jusqu'en 1792, avec plusieurs autres coseigneurs. Quant au Cartiere, le 22 octobre 1623, il est inféodé au comte Paolo Camillo Cavalca. À partir de 1707, les derniers feudataires ont été les Scotto de Coni. En 1772, le fief est érigé en comté. Le bourg, primitivement hameau de Guillaumes, est érigé en commune au XVIIle siècle.
SIGALE : Le territoire conserve de nombreux vestiges préhistoriques, en particulier du néolithique. Il est ensuite occupé par les ligures Velauni. Ces derniers sont soumis par les Romains qui fondent l'agglomération d'Alassia, actuel quartier d'Entrevignes. Au XIe siècle, le fief appartient à la famille seigneuriale de Glandèves. Le castrum de Cigala est également mentionné dans des documents de Lérins datant de 1144. En 1232, Anselme de Glandèves rend hommage au comte de Provence et, dès 1234, Sigale passe sous le gouvernement de Romée de Villeneuve. En 1388, la communauté de Sigale traite avec le comte Amédée VII et, comme le pays de Nice, elle va faire partie pendant cinq siècles des États de la maison de Savoie. En 1400, Amédée VIII donne le fief aux Grimaldi de Beuil, qui ne le conservent pas. En 1536, les Villeneuve-Vence abandonnent leurs droits sur Sigale. En 1651, le duc de Savoie Charles-Emmanuel II l'inféode à Jean-Baptiste Blancardi. En 1722, il est érigé en comté en faveur d'Octave Blancardi et en 1758 il passe aux Martini-Ballaira. Au cours du XVIIIe siècle, les Sigalois souffrirent de la peste (1731) et des pillages des Gallispans. En 1792 le village sera occupé par les armées révolutionnaires puis impériales française qui subira leur pillages. Le château et les murailles seront également détruits. Après 22 ans d’occupation française, Sigale comme le pays de Nice redevient sarde en 1814, et sera de nouveau annexée par la France lors du plébiscite truqué de 1860.
SOSPEL : La région de Sospel possède de nombreux vestiges prouvant de façon irréfutable la présence de tribus néolithiques puis ligures (silex polis, haches de pierre, traces d'habitats dans des cavernes, sépultures sous tumulus, ossements humains et animaux, poteries, coquillages taillés). Elle est ensuite annexée par les Romains qui terminent la pacification des tribus ligures alpines en 14 avant notre ère. Ils installent à Sospel (Cespedellum / Hospitellum) un important poste militaire. Avec la paix romaine, le christianisme se répand dès la fin du Ier siècle. Au Ve siècle, la cité est devenue le siège de l'évêché. C'est alors que commence la longue période des invasions barbares (Wisigoths, Lombards). Quant aux incursions meurtrières et dévastatrices des Sarrasins sur les côtes provençales, elles deviennent de plus en plus fréquentes dès le VIlle siècle. À partir de leur camp de base de Saint-Hospice (presqu'île de Saint-Jean-Cap-Ferrat), ils s'emparent d'Èze, La Turbie, Monaco, Sainte-Agnès et Castillon. Sospel ne commence à être menacé qu'un siècle plus tard. Ces vagues successives d'envahisseurs vont ruiner l'œuvre des Romains. Les Sarrasins ne sont expulsés de la région qu'à la fin du Xe siècle. Avec la sécurité revenue, la ville connaît, dès le début du XIe siècle, une économie florissante. En 1095, in loco Cespedelli est mentionné dans le cartulaire de l'abbaye de Lérins. À cette époque, la petite cité appartient aux comtes de Vintimille, sous la souveraineté du marquis de Turin, lui-même vassal de l'empereur du Saint Empire romain germanique. Située dans un bassin entouré de hautes montagnes, à un carrefour routier qu'empruntent continuellement de longues caravanes de mulets, elle va rester longtemps une place importante. Au XIIe siècle, Sospel obtient ses premières libertés. Elle est alors administrée par des consuls. En 1258, tout en conservant son statut de commune libre, elle est inféodée aux comtes de Provence et devient le chef-lieu de viguerie du comté de Vintimille et du Val de Lantosque. En 1370, elle prend le parti du pape d'Avignon, et son église est élevée à la dignité de cathédrale (et ce, jusqu'en 1412). En 1388, Sospel traite avec les comtes de Savoie et passe sous son protectorat conditionnel et conserve ses libertés. Au Moyen Âge, la cité est devenue un centre économique et intellectuel important. Elle est une des plus grande ville du comté niveau culturel et la deuxième par sa population. En effet, elle est sur le trajet de la principales route du sel reliant Nice au Piémont et, de surcroit, elle accueille tout au long de l’année de nombreux marchés et foires. Elle possède de belles demeures et des rues commerçantes. Ses vieux quartiers témoignent encore aujourd'hui des splendeurs de cette période. Au début du XVIIe siècle, l'ancienne route du sel, un étroit chemin qu'empruntaient les caravanes de mulets pour le transport du sel et autres denrées vers le Piémont, est remplacé par le Grand Chemin ducal qui, via Sospel et Tende, devient l'itinéraire principal entre Nice et Turin. À partir de 1702, l'Académie des Occupés littéraires attire de nombreux historiens, poètes et chroniqueurs, la cité est alors à son apogée. Son déclin ne commence vraiment qu'en 1794, lorsqu'elle est dévastée par les troupes révolutionnaires françaises et qu'elle devient une simple commune des Alpes-Maritimes. De surcroît, la fréquentation de la Route royale reliant Nice (qui était le seul port du Piémont) à Turin, diminue fortement car elle n'est plus utilisée que pour le commerce local. Sospel, comme tout le comté de Nice, réintègre le royaume de Piémont-Sardaigne en 1814, mais ne retrouva jamais sa prospérité passée. En 1860, elle est de nouveau annexé par la France. Malgré l'ouverture de la ligne de chemin de fer Nice-Coni (Cuneo) en 1928, et une bonne activité agricole et pastorale, l'exode rural amorcé à la fin du XIXe siècle s'accentue après la Seconde Guerre mondiale. Aujourd'hui, agriculture et élevage ont pratiquement disparu, mais grâce à son riche patrimoine artistique et à son site, la ville est devenue un important centre touristique et de loisirs. Au cours des siècles, Sospel a subi de nombreuses guerres et calamités : des épidémies de peste en 1348, 1371, 1374, 1527-1528, 1620, 1632, des inondations en 1331, 1345 et 1346. À chaque nouveau fléau, les Sospellois construisaient une chapelle ou un oratoire.