COMMUNES : LETTRE R
REVEST-LES-ROCHES : A partir du Xe siècle, après l’expulsion des Sarrasins, la période de sécurité qui suit leur départ favorise la création de nouveaux habitas en dehors des enceintes fortifiées des agglomérations. C’est ainsi qu’au XIe siècle, le village de Revest, situé à 2 km en aval de Tourrette (qui deviendra Tourrette-du-Château), fut fondé par des Tourrettans, mais jusqu’au 28 octobre 1871, date de leur séparation, son histoire se confond avec celle de Tourrette-du-Château (voir Tourrette-du-Château). Revestis est mentionné en 1007, dans un état de redevance de la paroisse Saint-Laurent à l’évêché de Gladèves., puis en 1032 dans un acte de donation en faveur du monastère de Saint-Véran, à Cagnes (au sujet d’une vigne à Revesto). En 1091, les frères Malbec donnent l’église Saint-Jean-de-Revest aux moines de Lérins. En raison de son ancienneté par rapport à Revest, Tourrette fut pendant longtemps le chef-lieu et le principal syndic de la communauté nommé Tourrette-Revest. Cette situation provoqua de nombreux problèmes entre les habitants sur les plans administratif, financier et religieux. Les conseillers municipaux se réunissaient dans la chapelle Saint-Grat, à la limite des terres des deux villages, car ils refusaient de siéger dans l’une ou l’autre mairie. Toutefois, les deux derniers conseils furent constitués d’une majorité revestoise, avec deux maires revestois, c’est ce qui a motivé la demande de séparation de la part des Tourrettans. Jusqu’en 1930 Revest s’est appelé Revest-de-l’Estéron, mais à la demande des Postes et Télécommnication, il devient Revest-les-Roches.
RIGAUD : Comme en témoigne quelques traces d’habitats, le territoire est occupé par une tribu ligure des Eguituri, puis par les Romains qui y exploitent un domaine agricole. Du IIIe au Ve siècle Rigaud relève de l’évêché de Glandèves. Vient ensuite la période sombre des invasions barbares (Lombards) et des razzias des Sarrasins. Au début du XIIe siècle, certains membres de la famille seigneuriale de Rigaud font partie de l’ordre du Temple et y occupent des fonctions importantes (Hugues et Pons de Rigaud sont maîtres du Temple respectivement en 1131 et 1195). Peut-être sont-ils à l’origine de la création de la commanderie de Rigaud. Le castrum de Rigaudo est mentionné en 1247 et 1252, et sa maison templière en 1269. Cet établissement, où résidaient un chevalier et le bailli du Temple, avait de nombreuses dépendance dans les vallées du Var et de la Tinée (Saint-Sauveur, Saint-Etienne-de-Tinée, Saint-Dalmas-le-Selvage, Guillaumes, Annot, Entrevaux, Amirat, Les Mujouls, Cuébris, Villars, Tournefort, Daluis e La Croix-sur-Roudoule). Primitivement possessions des Riquier d’Eze, en 1282, le fief est partagé entre plusieurs coseigneurs. En 1388, lors de la dédition, Rigaud fait partie de la baronnie de Jean et Louis Grimaldi de Beuil. En 1622, après la confiscation des biens d’Annibal Grimaldi, Rigaud (ainsi que Tournefort et Massoins) échoit au préfet de Nice, François Caissotti, pour lequel il est érigé en comté. En 1724 la seigneurie passe à la famille Polloti. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la Résistance utilise le plateau de la Dina pour réceptionner des parachutages d’armes.
RIMPLAS : En 1067, le cartulaire de l’ancienne cathédrale de Nice mentionne la donation de certains biens situés à Rege Placito, Au XIIe siècle, la seigneurie appartient aux Thorame-Glandèves. La forteresse de Rimplas est bâtie sur un éperon rocheux, entre le Valdeblore et la Tinée. Ce site défensif joue un rôle important à partir du Moyen-Age. Lors de l’affouage de 1315, le village comptait 41 feux (environ 230 habitants). Vers 1352, Pierre Balb et son frère Philippe, des descendants des Rostaing, en sont les feudataires. Pierre possède également Valdeblore, Marie et Roure, et il a des droits sur Saint-Sauveur, Rigaud et Touët. A la suite de sa rébellion, la reine Jeanne lui confisque une partie de ses possessions. En 1376 il est pardonné et établi dans certains de ses fiefs. Ce n’est qu’à partir de 1383-1388 qu’il est dépossédé de ses derniers biens. Rimplas échoit alors aux Faucon, puis à Jean Grimaldi de Beuil. Toutefois il faudra trois ans de combats aux Grimaldi pour conquérir la citadelle de Rimplas (1392). Ils sont investis pour ce fief avec le titre comtal, et ils le conservent jusqu'à la Révolution.
ROQUEBILLIERE : Dans l’Antiquité, la station de Berthemont, sur le territoire de Roquebillière, était réputée pour ses sources thermales. Au Ier siècle après J-C, les Romains y construisent des thermes. En 260, Cornélie Salonie (épouse de l’empereur romain Gallien) satisfaite de sa cure à Berthmont, fait accorder certaines libertés aux habitants. En 1141, l’église Saint-Michel est mentionnée lors de sa donation par l’évêque de Nice aux Hospitaliers de Sain-Jean-de-Jerusalem. A cette époque elle relève de l’un des prieurés de leur commanderie de Nice. Au Moyen-Age les habitants de castrum de Rochabelliera sont sous la dépendance directe des comtes de Provence jusqu’au printemps 1388, où les villages des vallées de la Vésubie et de la Tinée rallient le comte Amédée VII de Savoie. Roquebillière est alors inféodé à Antoine Garagno. Au cours des siècles, le village a subi de nombreuses catastrophes naturelles : des tremblements de terre (en 596, 614, 1494) ainsi que des crues (en 1094, 1743, 1772, 1889, 1892). En 1926, l’agglomération primitive, situé sur la rive gauche de la Vésubie, est détruite par un glissement de terrain qui provoque la mort de 19 personnes. Depuis sa création, Roquebillière a été reconstruit plus de six fois.
ROQUESTERON : Le territoire est habité par des tribus néolithiques, puis par les Ligures Velanni avant d’être annexé par les Romains. Ces derniers y construisent une place forte importante, sur le parcours d’une de leurs routes stratégiques. Au Xe siècle, le bourg primitif n’occupe que la rive droite de l’Estéron. Ce castrum de la Rocca est une possession des Rostaing de Thorame-Castellane, il va le rester pendant quatre siècles. En 1028 et 1046, le seigneur du lieu, Raymond Rostaing, donne à l’abbaye de Lérins des biens situés sur le territoire de La Rocca. En 1047, le fief échoit à Laugier Le Roux, allié par mariage aux Rostaing de Castellane. En 1388, La Rocca se rallie à la maison de Savoie ; son seigneur, Laugier Rostaing, se réfugie en Provence et ses biens sont partagés (1393) entre les Faucon de Glandèves et le chevalier des Ferres et du Mas. Vers 1492, le fief est inféodé aux Geimaldi de Beuil. C’est à cette période que le village commence à s’étendre sur la rive gauche de l’Estéron, à proximité des terres cultivables, créant ainsi un faubourg. En 1722, le fief, qui faisait à l’origine partie de la seigneurie des Laugier et des Faucon de Glandèves, est érigé en comté en faveur des Roverizio-Pianavia, une famille de Pigna. A la suite du premier Traité de Turin en 1760 sur la rectification et simplification des frontières, ce sont l’Estéron et le Var qui, dorénavant, délimitent la frontière entre les Royaumes de Piémont-Sardaigne et de France. Le village primitif de La Rocca devient français et prend le nom de La Roque-en-Provence alors que le faubourg situé sur l’autre rive et restant dans le comté de Nice est baptisé Rocca Sterone. Le pont de bois qui les relie possédera à partir de cette date une borne frontière en son milieu et devient international. Lorsque le comté de Nice est envahit et occupé par la France révolutionnaire, en 1793, Rocca Sterone sera appeler Roquestéron-Puget jusqu'à sa réintégration dan les Etats Sardes, en 1815. Simultanément, La Roque-en-Provence est rebaptisé Roquestéron-Grasse. Lors de l’annexion de Nice par la France en 1860, les deux Roquestéron refusent d’être réunies. Actuellement, Roquestéron-Grasse situé sur la rive droite de l’Estéron dépend administrativement de l’arrondissement de Grasse, et Roquestéron, sur la rive gauche dépend de l’arrondissement de Nice (donc continue à dépendre du comté de Nice, puisque les limites de l’arrondissement et préfecture de Nice sont celle du comté de Nice en 1860). La route de la vallée de l’Estéron fut achevée en 1870. Cette réalisation permit la création d’un service de diligences, entre 1921 et 1929, un tramway desservit ces villages.
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LA ROQUETTE : Comme l’attestent les vestiges de deux enceintes concentriques sur le mont Fubia, le territoire fut occupé par les Ligures. Le castrum Rocheta est cité pour la première fois en 1028, dans le cartulaire de l’abbaye de Saint-Pons. Cette agglomération va se développer autour du château. Au IXe siècle, les moines de Saint-Pons possèdent un vaste domaine sur les terres qui bordent le Var. Il existe également, à proximité, quelques habitations regroupées autour d’une petite église dédiée à Saint-Martin. Au XIe siècle, ce hameau est rattaché à La Roquette, et la communauté ainsi former va s’appeler La Roquette-Saint-Martin jusqu’en 1867, date de la séparation des deux agglomérations. Au XIIIe siècle, le castrum est inféodé aux Béranger, en coseigneurie avec d’autres feudataires. Des manuscrits de 1209 mentionnent la concession d’un droit de gué (au lieu-dit Bon-Port, à la confluence du Var et de l’Estéron) au commandeur des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. En 1217, ils obtiennent confirmation des droits de passage sur le fleuve, ainsi que des terres près de Gilette. En 1290, le comte de Provence Charles II d’Anjou concède au seigneur de La Roquette-Saint-Martin le droit d’établir sur le fleuve un bac avec péage. En 1320, le fief appartient aux Ranulfi mais, en 1365, ils le vendent aux Litti, seigneurs de Saint-Alban, Bonson et Dosfraires. En 1388, La Roquette-Saint-Martin devient, avec le passage du fleuve à Bon-Port, un village-frontière entre le comté de Nice et la Provence. Le 26 novembre 1446, Charles Lascaris de Vintimille, coseigneur de La Brigue, épouse la fille de Pierre Litti, seigneur de La Roquette, et entre ainsi en possession de la seigneurie (avec le château de Bonson et une partie de Bouyon). Au XVIe siècle la seigneurie échoit, toujours par mariage, aux Laugier. En 1527, les fils du baron de Beuil. Jean-Baptiste, seigneur d’Ascros et son frère René, sont en conflit avec Honoré Laugier, seigneur des Ferres. Ils incendient La Roquette et Levens et prennent la forteresse de Gilette. Assiégés par les Troupes du duc de Savoie, ils doivent s’enfuirent en France, mais deux ans plus tard, ils sont rétablis dans leurs fiefs. En 1698, Alexandre Laugier lègue La Roquette à son neveu Jean-Paul Bonfiglio. Cette famille va le garder pendant quelques générations. En 1777, à la suite d’une vente, le fief revient à Joseph-Vincent Lascaris-Vintimille, comte de Castellar, baron de Bouillon et des Ferres, ministre d’Etat à Turin, pour lequel il est érigé en marquisat. En 1867 La Roquette est séparé de son hameau de Saint-Martin (qui deviendra la commune de Saint-Martin-du-Var) et perdra, de ce fait 49 hectares de terrain.
ROUBION : Primitivement, un camp retranché construit par les Ligures Ectini occupait le site. Il est réutilisé par les Romains qui en font un oppidum. Au XIe siècle, comme tout le comté de Tinée, ce territoire est inféodé à la famille des Rostaing, seigneurs de Thorame-Glandèves et descendants des seigneurs de Castellane. Le castrum de Robione est mentionnée plusieurs fois aux XIIe et XIIIe siècle, il est alors sous l’autorité des comtes de Provence. C’est de cette époque que datent les vestiges du château féodal et des remparts. E, 1325, Astruge et Andaron Grimaldi en font l’acquisition. En 1388, Roubion se rallie à la maison de Savoie. En 1581, la baronnie est érigée en comté en faveur d’Honoré II Grimaldi. En 1621, après l’exécution d’Annibal Grimaldi, le château féodal est démantelé. Le 22 mars de la même année, Roybion est inféodé à Stefano Badat, chevalier de l’ordre de Malte. Après sa mort, en 1622, il passe à son frère procureur, le comte Annibal Badat. En 1684, c’est un Vaissoti qui est investi, avec le titre comtal. Roubion a beaucoup souffert du passage des troupes lors des guerres qui on agité la région, au XVIIe et XVIIIe siècle. En 1792, le village, comme le reste du comté de Nice est envahit et occupé par les Français, fait partie du canton de Beuil, lui-même dépendant du district de Puget-Théniers. De 1814 à 1860, il réintègre les Etats sardes, et il est alors rattaché à Saint-Etienne-de-Tinée. A partir de l’annexion de 1860, Roubion est intégré au canton de Saint-Sauveur-sur-Tinée.
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ROURE : La découverte d’un menhir en grès rose de 2,27 mètres en 1969, constitue le témoignage d’une présence humaine très ancienne sur le territoire de la commune. Le castrum de Rora est cité pour la première fois dans des documents de 1067. Il appartient tout d’abord aux Rostaing de Thorame-Glandèves. A partir du XIVe siècle, les Caïs en sont également coseigneurs. Vers la fin du XIVe siècle, Barnabé Grimaldi, alors baron de Beuil, convoite Roure. Il s’empare du fief et fait torturer puis assassiner son feudataire, Bertrand de Caïs. La reine Jeanne infligea au baron de Beuil et aux habitants de Roure qui l’avaient aidé, une amende de 2 000 florins d’or. En 1621, à la chute d’Annibal Grimaldi, le château sera raser et le village sera inféodé aux Badat. Et au XVIIIe siècle, sera érigé en comté en faveur des Albrione.