COMMUNES : LETTRE P
PEILLE : Le site possède de nombreux vestiges de murailles d’enceintes datant du néolithique. Lorsque Pilia est mentionné, en 1029, c’est une commune libre administré par trois consuls élus. En 1176, son autonomie et ses privilèges sont confirmés par le comte de Provence, à qui elle a prêté main forte contre les Niçois. A cette époque elle forme une confédération républicaine avec Lucéram et Utelle. Peille est une cité importante : elle possède les fiefs de Castellar, Gorbio, Sainte-Agnes, Berre-les-Alpes, Contes, L’Escarène, Peillon et la Turbie. La plupart de ces villages se séparèrent de leur ville de tutelle aux XIIe et XIIIe siècles (Castellar, Peillon, La Turbie…). L’Escarène obtiendra son autonomie en 1520, et Blausasc en 1926. Au XIVe siècle, le comte de Provence fait de Peille l’un des trois chefs-lieux de bailliage de la viguerie de Nice. Il comprenait 18 communes, dont La Roquette (sur-Var), Levens, Aspremont, Coaraze, Berre, Eze, La Turbie. En 1347, la cité est rattachée à la viguerie de Vintimille, avec Sospel pour chef-lieu. A partir de 1388, elle passe sous le protectorat de la maison de Savoie. Lors de l’afflouage de 1408, 66 foyers sont recensés (environ 330 habitants). En 1614, Peille est inféodée pour la première fois. Le duc de Savoie dédommage ainsi le comte Albino Bobba envers lequel il à une dette. La cité devient seigneurie en 1621, et est érigée en comté en 1651, en faveur de Jean-Paul Lascaris-Vintimille, grand maître de l’ordre de Malte. Cette famille conservera le fief jusqu'à la Révolution. Après avoir été française à partir de 1792, Peille réintègre l’Etat sarde en 1814, avant d’être annexé à nouveau par la France en 1860 suite au plébiscite truqué.
PEILLON : Les collines environnantes possèdent de nombreux vestiges d’enceintes datant du néolithique. Pellon est cité pour la première fois en 1150. Les paroisses de Peille et Peillon relevaient alors de l’abbaye de Saint-Pons, mais en 1154, le pape les confie aux chanoines de Saint-Ruff de Valence. L’histoire du village se confondit longtemps avec celle de Peille, dont il dépendait. En effet, ce n’est qu’en 1235 qu’il obtient son détachement de sa ville de tutelle. Il connut donc la même administration consulaire. En 1388, comme tout le Pays de Nice, Peillon se rallie librement à la maison de Savoie. Jusqu’à la Révolution française, le fief resta partagé entre de nombreux coseigneurs dont les plus marquants furent les Caïs, les Berre, les Tonduti, les Borriglione et les Barralis. En 1482, la communauté d'habitants achète certains droits aux coseigneurs dont celui d’utiliser les moulins à huile. En 1792, le village est occupé par les révolutionnaires français. Ensuite Peillon redevient sarde de 1814 jusqu’en 1860, date de l’annexion du comté de Nice par la France.
LA PENNE : Comme l’attestent les ruines de plusieurs castellaras, le site fut habité par les Ligures. Il s’agit de la tribu des Beretini, que les Romains exterminent et dont ils occupent le territoire. Celui-ci étant proche d’une voie de communication reliant Nice à Puget-Théniers, ils y établissent une étape d’approvisionnement, avec relais de chevaux. Les vestiges de petites fabriques de tegulae (tuiles en terre cuite) ainsi que de sépultures romaines ont également été retrouvées au hameau de Besseuges. Au XIe siècle, le Castello Penna appartient aux Thorame-Glandèves. Cette ancienne place forte, qui commandait l’accès à la vallée du Var, est citée en 1079, ainsi que le Val de Chanan, dans ces actes de donation de faveur à l’abbaye Saint-Victor de Marseille. La présence des Templiers est mentionnée au XIIIe siècle. En 1525, à la suite d’une inondation qui provoque la mort de 78 personnes à Puget-Théniers, de nombreux habitants désertent le village et s’installent à la Penne. Au XVIIe siècle, après la chute des Grimaldi de Beuil (1621) le fief passe aux d’Authier et la famille Durand de La Penne, apparenté aux précédents feudataires, est investi de la seigneurie (1778). Lors des rectifications de frontière entre la France et le Piémont-Sardaigne en 1760, La Penne est cédée au Royaume de Piémont-Sardaigne. Son histoire va désormais se confondre avec celle comté de Nice.
PEONE : Le territoire est initialement occupé par la tribu ligure des Nemeturi. Au Ve siècle après J-C, il est rattaché à l’évêché de Glandèves. La paroisse de Péone va dépendre de cet épiscopat jusqu’à la Révolution. Après la chute de l’Empire romain, le fief est donné au comte Griffon, apparenté à la maison seigneuriale des Glandèves. La fondation du village remonte probablement au Xe ou XIe siècle. En 1200, le castrum primitif appartient toujours aux Glandèves. En 1252 il relève des comtes de Provence et, par le jeu des successions, il est partagé entre plusieurs membres de la famille des Glandèves, dont les barons de Beuil avant d’échoir en totalité à ces derniers au début du XIIIe siècle. A partir de cette période, son histoire se confond avec celle de Beuil. Contre paiement d’une redevance annuelle, les Grimaldi, seigneurs du fief, concèdent à leurs vassaux un certain nombre de privilèges. Sous le comte de Provence Raymond Bérenger V (1209-1245), le village aurait été repeuplé par des colons originaires de Catalogne (d’où le surnom de Catalan donné aux Péoniens). Lors de l’affouage de 1315, 75 feux sont recensés (environ 375 habitants). Le 14 novembre 1388, c’est au château de Péone que les communautés d val d’Entraunes rendent l’hommage à Amédée VII de Savoie, représenté en l’occurrence par Jean Grimaldi de Beuil. En 1391, à la suite de querelles avec les Guillaumois, le bourg est pillé et incendié par ces derniers. Cette rivalité s’explique par le rôle économique important de Péone, situé au carrefour de transhumances, et en possession d’immenses pâturages sur le plateau du Quartier (futur emplacement de Valberg). En 1527 le bourg est pillé par le seigneur Honoré des Ferres. A la suite de l’exécution, en 1621, d’Annibal Grimaldi, Péone est inféodé au comte Cavalca (22 octobre 1623). Vers le milieu du XIXe siècle commence l’exploitation d’une mine de plomb située dans le vallon de Saint-Pierre de Péone. Cette activité est interrompue au début XXe siècle. La création de la station de sports d’hiver de Valberg, en 1936, donne un nouvel essor à la commune.
PIERLAS : Le site fut occupé par les Romains, mais le castrum de Pirlas n’est fondé qu’au XIIe siècle. C’est alors un fief des barons de Beuil. Lors de l’affouage de 1315, 60 feux sont recensés (environ 300 habitants). Après l’exécution d’Annibal Grimaldi, Pierlas est inféodé à Annibal Badat (le 22 mai 1621). En 1662 il passe aux Brès, pis aux Brage et enfin aux Léotardi. Le 25 juin 1681, Ludovic Caïs épouse Marguerite Brage qui lui apporte Pierlas en dot. Le 21 mars 1764, le fief est érigé en comté en faveur des Caïs de Pierlas, une très ancienne famille originaire de Valdeblore.
PIERREFEU : Le village est cité pour la première fois au XIe siècle, mais l’occupation du territoire est très ancienne. En effet de nombreux vestiges témoignent de la présence des Romains (tombeaux et vases funéraires, débris de mosaïques et de pavements, monnaie et médailles à l’effigie de plusieurs empereurs). On suppose que Petra Ignaria était un post de surveillance et de relais pour la transmission de messages, permettant ainsi à Rome de communiquer avec les îles Britanniques, et jusqu’au mur d’Hadrien, en Ecosse. Pendant le haut Moyen Age, la région subit de multiples invasions, mais au VIIIe siècle, les habitants de la vallée de l’Estéron stoppent l’avancé des Sarrasins. En 1256, il avait deux châteaux. En effet, la population avait beaucoup augmenté et un nouvel habitat fortifié, le castrum de Cade Neda, est bâti à La Cainea, en contrebas de la place forte primitive. Les Glandèves, seigneurs de Pierrefeu, étaient perpétuellement en lutte avec les Rostaing feudataires d’Ascros et de Cuebris. Au début du XIVe siècle, le comte de Provence Robert d’Anjou met fin aux troubles engendrés par ces querelles, fait détruire le castrum de Cade Neda, et réunit celui de Pierrefeu à la Chambre royale. En 1381, la reine Jeanne le donne à Guillaume Chabaud, seigneur de Torettas (Voir Tourrette-du-Château). Peu de temps après, ce feudataire concède aux Pierrefeutins la jouissance des droits et privilèges municipaux (que la maison de Savoie confirmera après la dédition de 1388). La seigneurie qui est érigée en comté en faveur des Blavet, et ensuite des Frichignons jusqu’à la Révolution.
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PUGET-ROSTANG : Au XIe siècle, tous les fiefs de la haute Tinée et de la haute vallée du Var son inféodés à un seul seigneur, Rostaing de Thorame, de la famille des Castelane. C’est à cette époque que le castrum, qui porte le nom de son feudataire, est mentionné pour la première fois, Au XIVe siècle, le fief appartient à Pons de Daluis, qui passe une convention avec la population au sujet des droits féodaux. En 1402, des transactions sont effectuées entre les habitants et leur seigneur, Elzéar de Daluis, pour une réactualisation de ces privilèges et libertés. Les villageois, organisé en commune libre ont des représentants permanents ou syndics. En 1528, à la suite d’une nouvelle convention passée avec leur seigneur, Georges de Castellane, les Rostagnois obtiennent le droit d’être dirigés par deux consuls. En 1681, la seigneurie passe aux Boéri. En 1760, Puget-Rostang, comme Auvare, Cuébris, Daluis, Guillaumes, La Croix, La Penne, Saint-Antonin et Saint-Léger, est cédé au royaume de Piémont-Sardaigne. De 1786 à 1793, le fief est inféodé aux Champossin. L’histoire de Puget-Rostang va se confondre avec celle du comté de Nice.
PUGET-THENIERS : Le territoire est primitivement occupé par les Ectini, dont le nom figure sur le Trophé des Alpes. Lorsque les Romains, en 49 avant J-C annexent la région, ils établissent un camp fortifié et ils lui donnent le nom de cette tribu ligure. Après la Pax romana, la région va être ruinée par une longue période d’invasion et de pillage. Pendant ces temps obscurs, Podium Tinearum est presque totalement déserté. Suite à l’expulsion des sarrasins en 973, la région revit. Le Castrum Pojeto est reconstruit en entouré d’une enceinte fortifiée. Rapidement, il va compter 3 000 habitants et devenir un centre commercial très actif. En 1066, les seigneurs du lieu cèdent l’église Notre-Dame-de-l’Assomption à l’abbaye de Lérins. En 1071, Puget-Théniers est divisé en deux parties : la veille ville et la Coste, inféodés aux barons de Beuil, alors que le faubourg dépend du comte de Provence qui lui a octroyé le statu de commune libre et l’a érigé en cours royale. En 1200, le soulèvement des habitants de la veille ville, qui réclament leur autonomie, est sévèrement réprimé par les seigneurs de Beuil. A partir de 1242, et jusqu’à leur dispersion en 1307-1308, les Templiers sont établis dan le faubourg, dont ils possèdent la plus grande partie, ainsi que de nombreux domaines agricoles aux alentours. En 1249, des affrontements violents ont lieu entre le seigneur de Glandèves (Entreveaux) et celui de Puget-Théniers, Albino de Beuil. Entrevaux est envahi et livré au pillage. En 1258, certains des fiefs de Guillaumes du Puget de Saint-Alban lui sont confisqués par le comte de Provence : Puget-Théniers (à qui le comte de Provence accorde des lettres patentes de libertés et d’affranchissement), Auvare (qui devint une forteresse dotée d’une garnison) et Massoins. Puget-Théniers devin le chef-lieu d’une des six vigueries créées par Charles d’Anjou. En 1264, baillie de Puget-Théniers dépend de la viguerie de Nice et comprend 58 localités. A la fin du XIIIe siècle, la petite cité, qui compte alors environ 6 000 habitants. En 1385, Puget-Théniers prête l’hommage à Ladislas de Duras, et lors de la Dédition de 1388, la ville se rallie à la Savoie, Puget-Théniers deviendra alors un des fiefs des Grimaldi de Beuil. En 1348, la peste noire décime le tiers de la population. Des épidémies de peste suivies de famine font encore des ravages en 1451, 1467 et 1498. Ces dernières avaient provoqué un tel dépeuplement que le duc de Savoie autorisa les Juifs chassés de Rhodes à s’établir dans ses Etats afin de « combler le vide laissé par la peste et la guerre… ». La peste frappe encore en 1560 et 1599. A la fin XVIe siècle, il ne restait plus que 800 habitants. Le 20 octobre 1525, à la suite de pluies torrentielles, la Roudoule inonde Puget-Théniers au faubourg et à la Coste faisant 78 morts. Au cours des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, la ville va être plusieurs fois occupée par les Français. En 1691, sur ordre de Louis XIV, le château sera rasé, les Français occupèrent la région jusqu’en 1696. en 1704, le fief, dont Nicolas Grimaldi a été investi par Victor-Amédée II, est érigé en comté. Cette famille le conservera jusqu'à la Révolution. En 1760, à, lieu l’échange de territoire et la simplification des frontières entre les Etats sardes et la France : Auvare, Saint-Léger, La croix, Puget-Rostang et La Penne intègrent le comté de Nice tandis qu’Aiglun, Conségudes, Les Ferres et Roquestéron (la rive droite, qui devint Roquestéron-Grasse) deviennent français. Le Plan, partie du territoire de Puget-Théniers, devient aussi français en étant intégré au territoire de Entrevaux. Entre 1792 et 1815 la ville sera occupée par les armées françaises, comme le reste du Pays de Nice, au début de l’occupation, en 1793, suite au vote truqué pour légitimer l’annexion du Pays de Nice par la France révolutionnaire, Puget-Théniers votera Non et sera une des communes demandant que le comté de Nice soit érigé en république indépendante. Comme le reste du comté de Nice, Puget-Théniers sera rendu à la Sardaigne en 1815, avant d’être de nouveau annexer par la France lors du plébiscite truqué de 1860, où jusqu'en 1926, sous-préfecture du département des Alpes-Maritime, elle sera ensuite rattacher à l'arrondissement de Nice.