ENTRAUNES : Bien qu’aucune trace de leur présence n’ai été retrouvée, le territoire d’Entraunes fut probablement habité par les Ligures. Selon les historiens, il pouvait s’agir des Eguituri ou des Gallitae. Rien ne subsiste non plus d’une éventuelle occupation romaine. Vers l’an mille, les villages du val d’Entraunes étaient inféodés à de grandes familles seigneuriales (les Glandèves, puis les Balb, Rostaing et Féraud de Thorame) sous la dépendance des comtes de Provence. Au XIIe siècle, les habitants se font accorder d’importantes franchises par leur suzerain et jouissent de véritables libertés administratives, comparables à celles de villes consulaires comme Grasse et Nice. A cette époque, l’abbaye de St-Saturnin d’Apt disposait d’un prieuré à Entraunes. En 1388, lors de la dédition de Nice à la Savoie, le val d’Entraunes passe sous le protectorat de ma maison de Savoie comme toute la région. En plus d’être garantie de la reconduite de leurs libertés, ainsi que de leurs droits et devoirs (comme il est stipulé dans la charte de la dédition) les habitants demandent également à être rattachés à la viguerie de Puget-Théniers. En effet, le val d’Entraunes faisait partie de celle de Barcelonnette, or les voies de la communication entre le haut Var et l’Ubaye étaient coupées six mois par an en raison de l’enneigement. Saint-Martin et Entraunes n’obtiennent pas gain de cause, contrairement à Villeneuve et Châteauneuf qui sont rattachés à Puget-Théniers. Lors du traité de Paris (1718), Louis XV récupère le Mas mais en contrepartie, Entraunes et Saint-Martin sont détachés de la viguerie de Barcelonette (devenue française en 1713, traité d’Ultrecht), et sont maintenus dans le comté de Nice. En 1616, Charles Emmanuel Ier de Savoie cède ses droits sur diverses terres du comté de Nice, dont le val d’Entraunes, à Annibal Badat (le gouverneur de Villefranche). Les communautés rachètent leur indépendance contre 1500 ducatons. Par lettre-patente du 4 juin 1621, le duc s’engage à ne plus les inféoder. Toutefois, en 1696, Victor-Amédée II, dans le but de renflouer les caisses de son duché, réclame aux quatre communautés un rappel d’impôts impayés entre 1388 et 1645. Ne pouvant payer, elles sont vendues : Chateauneuf à l’abbé Collet-Papachino, Entraunes au gentilhomme entraunois Louisquy, Saint-Martin à un Chenillat de Péone et Villeneuve à un certain Michel-Ange Codi de Turin. L’ensemble des juridictions fur adjugé pour 8000 livres Après deux ans de négociations, les dites communautés purent racheter leur liberté. En 1702, elles son pratiquement libérés de leurs éphémères seigneurs et réinvesties du titre de « comtesse d’elle-même ». Au cours des siècles, Entraunes a subi de nombreux maux : le village est incendié par des bandes gasconnes en 1446 et par Jean-Baptiste Grimaldi seigneur d’Ascros en 1546. En 1598, ce sont les troupes françaises qui le mettent à sac et qui démantèlent le château. en 1796, l’éboulement du Penas provoque des dégâts importants. En janvier 1875, le village est presque totalement détruit par un incendie.
L’ESCARENE : Le territoire possède les vestiges d’un castellaras et d’un castrum romain. La communauté d’habitants de Scarena est cité pour la première fois dans une charte de 1037 : un certain Bonix fait don à l’église Saint-Pierre de L’Escarène d’un bien situé dans une propriété rurale (la Saleta de Saraman), de l’autre côté du Var. A cette époque, le bourg possède un prieuré qui relève de l’abbaye de Saint-Pons. Lors de l’affouage de 1408, 6 foyers sont recensés (environ 30 habitants). Il est un des nombreux fiefs de la commune libre de Peille jusqu’en 1520, date de son détachement. En 1570, les habitants abandonnent le site primitif du village, sur le mont Pifourchier, et s’installent plus bas, près des rives du Paillon. Dès 1591, L’Escarène est en plein essor car il est situé à la jonction des voies de communication reliant Lucéram, Peille, Sospel et Nice. Il est également sur le trajet d’une des routes du sel qui mènent de Nice au Piémont. A cette époque, 30 000 mulets transitent chaque année par le village qui possède un hôtel de la Gabelle situé à proximité du Pont-Vieux, l’unique pont sur le Paillon. Les caravanes de mulets qui acheminent le sel en Italie en rapportent du blé, du vin et des peaux. Le village devient ainsi une importante ville d’étape, avec des écuries pour fournir chevaux et mulets aux voyageurs. A partir de l’ouverture, en 1624, de la route du col de Tende qui mène de Nice à Turin, le village se développe encore plus. Il possède alors un tribunal et plusieurs hôtels. L’Escarène fut une seigneurie des Tonduti, une veille famille niçoise qui a été investie de nombreux fiefs et porta les titres suivants : comte de l’Escarène (érigé en comté en 1700), de Villefranche, seigneur de Châteauneuf, Peillon, Falicon, Touët-de-l’Escarène. En 1928, eu lieu l’inauguration de la voie ferrée Nice-Cuneo via L’Escarène. La commune possède un moulin à huile communal et les olives escarènoises sont d’appellation d’origine contrôlée « Olive de Nice » sur leurs trois dérivés : olives, pâte d’olives et huile d’olives.
EZE : Le territoire ézasque, que traversait la Voie héracléenne, fut occupé par les Celto-Ligures (castellaras du mont Bastide), puis par les Romains qui créent le port d’Avisio. La chute de l’Empire romain est suivie de nombreuses vagues d’invasions barbares (en 578, le site est investi par les Lombards) et d’incursion de pirates sarrasins. Les habitants se réfugient sur un piton rocheux dominant la mer et le transforme en site défensif. Au Xe siècle, ils subissent l’occupation des Sarrasins jusqu’à ce que la région soit libérée par Guillaume Ier de Provence (vers 973). Ce n’est qu’à partir du XIIe siècle que sont mentionnés les premiers seigneurs d’Eze, originaires de Nice pour la plupart : les Riquier, les d’Eze, les Badat, les Blacas. Une enceinte fortifiée est alors construite autour du village, elle résista jusqu’au XVIIIe siècle. Au milieu du Moyen-Age, le territoire d’Eze s’étend des rives du Paillon jusqu’à La Trinité et au vallon de Laguet (en 1818, le hameau de La Trinité est érigé en commune indépendante). En 1229, le comte de Provence Raymond Bérenger V confisque le château, qui devient possession des Anjou jusqu’en 1388, et il en confie la garde à un castellan. Après la dédition, ledit château échoit à la couronne de Savoie jusqu’en 1706, date de son démantèlement par les troupes française. En 1543, pendant que Nice est assiégée par les franco-turcs, le village d’Eze est occupé par les troupes du sultan turc Soliman le Magnifique, allié à François Ier. En 1414, les Ezasques obtiennent leur autonomie à l’encontre de leurs feudataires, les Riquier, et forment une communauté : ils sont en possession des droits féodaux et placés sous la dépendance judiciaire directe des ducs de Savoie. Malheureusement, en 1590, la commune, très endetté, perd tous les avantages acquis. En 1591, le comte Antoine Valperga, en rachetant la dette, devient propriétaire d’Eze, et dans le même temps, le duc de Savoie lui concède le fief qui est érigé en comté. Les Ezasques s’opposent vainement à cette inféodation. En 1611, Eze est vendu aux Cortina Saint-Martin qui vont le conserver jusqu’à la révolution française. Pendant la guerre de Succession d’Autriche (1744-1748), la région est de nouveau ruinée. Ese, comme le reste du « comté » de Nice est occupé par la France de 1792 à 1814, puis réintègre le royaume de Piémont-Sardaigne avant d’être de nouveau annexé à la France par le plébiscite truqué de 1860, comme le reste du Pays Niçois. De cette commune présentée dans tous les guides touristiques, on retient surtout le site perché et fortifié dominant la côte qui était connu par les premiers touristes : sa mise en valeur au temps du tourisme automobile et la fixation dans ses ruelles de nombreux artisans d’art et d’artistes en à fait un des sites les plus connus de la région. Le philosophe allemand Friedrich Nietzche (1844-1900) était un habitué d’Eze, il l’apprécié pour son panorama et pour son climat que réclamait sa faible constitution, s’adonnant à de longues promenades entre Nice et Eze. En 1884, il y termine la dernière partie de l’un de ses ouvrages les plus célèbres : « Ainsi parlait Zarathoustra ». On raconte aussi que les trois corniches (la Basse, la Moyenne et la Haute Corniches) auraient inspiré Dante Alighieri pour la description des paysages de sa Divine Comédie