Giuseppe Garibaldi, Henri Sappia et Gonzague Arson...Trois grandes figures du séparatisme niçois…
On s’affole…
Dans certains cénacles très conservateurs et nationalistes de la ville, proches du pouvoir, on est complètement affolé car les Niçois se réapproprient aujourd’hui leur Histoire. Ils pensaient l’avoir passée à la Javel, à la machine à laver, lui avoir tordu le cou, mais elle réapparaît aujourd’hui avec ses belles couleurs et les Niçois exigent des comptes… Les “Hussards noirs” de la République, à savoir les universitaires, avaient gommé, re-gommé, transformé, amputé, lissé, menti… pour franciser à tout prix les enfants niçois par un enseignement frelaté qui niait leur identité propre, mais tous ces efforts étalés sur un siècle et demi sont aujourd’hui réduits à néant…
On peut faire ce que l’on veut mais il est dans l’ordre des choses qu’un enfant adopté veuille un jour retrouver ses vrais parents… surtout s’il est maltraité et humilié. Et s’il découvre que ses vrais parents ont été estourbis par ceux qui se sont substitués à eux, alors cela ne va plus du tout, mais vraiment plus du tout. C’est exactement ce qui est en train de se produire à Nice. Alors dans les cénacles en question, on s’enferre, on gesticule, on s’agite, on édite force brochures (avec notre argent, bien sûr) et on colporte encore des mensonges éculés qui semblables à des navires en perdition, se brisent sur les rochers : les faits sont têtus… et les Niçois ne sont pas stupides.
Le dernier estoufa-Nissart…
La dernière trouvaille, élaborée en hâte, est tellement ridicule qu’elle ferait rire les murs d’une prison ; autant prétendre que la lune luit à midi… le dernier estoufa-Nissart servi à l’auberge bleu, blanc, rouge par les valets d’une Marianne épuisée (qui ne peut plus cacher sa décrépitude car son cinquième lifting est en train de craquer) est garni de cerises clignotantes qui d’ordinaire, dans les cirques, garnissent le nez des clowns… Il paraît que Garibaldi et Sappia n’étaient pas séparatistes du tout, parce qu’ils adoraient la République française au point d’en oublier qu’elle avait confisqué la liberté de Nice… Soyons sérieux. Garibaldi et Sappia défendaient le principe républicain à une époque où il existaient encore des tyrans. Ils défendaient aussi la liberté des peuples, ce qui explique que Garibaldi soit venu se battre en France contre les troupes du roi de Prusse qui devint empereur d’Allemagne et que Sappia ait activement comploté contre Napoléon III. Mais en ce qui concerne leur position sur les droits de Nice à l’indépendance, elle est on ne peut plus claire : ils étaient indépendantistes militants ! Il existe tellement d’écrits et de déclarations le prouvant que le nier ne relève même plus de la mauvaise foi, mais du suicide intellectuel par dépit et stupidité…
L’engagement de Garibaldi pour la liberté de Nice.
Rafraîchissons donc la mémoire de ceux qui s’obstinent à nier l’évidence avec une pincée des déclarations de ces deux défenseurs des droits de Nice et comme les ennemis stipendiés des Niçois sont capables de tout, nous pourrions publier la reproduction d’une lettre manuscrite de Garibaldi lui-même… de façon à ce qu’ils s’étranglent avec leur langue s’ils s’avisaient de persister dans leurs œuvres mensongères. La veille même du plébiscite truqué, Garibaldi répondait en ces termes à la municipalité de San-Remo qui lui demandait de bien vouloir accepter la citoyenneté d’honneur de leur ville : "Gênes, le 14 avril 1860. Très estimé Syndic ; j’accepte avec gratitude la citoyenneté d’honneur dont m’ont honoré les citoyens de San-Remo… Je n’entends pas pour autant cesser d’être citoyen de Nice. Je ne reconnais à aucun pouvoir sur terre d’aliéner la nationalité d’un peuple indépendant et je proteste contre la violence faite à Nice avec la corruption et la force brutale en me réservant pour moi et mes concitoyens le droit de revendiquer mon pays natal pour que le droit des gens ne soit pas une vaine parole.
"En tant que citoyen de San Remo je présenterai certainement à l’Europe la juste protestation de ma cité adoptive. Avec affection et reconnaissance G. Garibaldi." Dans l’impossibilité de citer ici toutes les déclarations de Garibaldi sur Nice tant elles sont nombreuses, nous avons choisi deux lettres hautement significatives, puisqu’il les écrivit en 1871 et la première sur le sol français au moment même où il se battait pour la république française : "… Je ne combats pas uniquement pour la république française, mais pour une république européenne qui réserverait à Nice indépendante un sort particulier"… position qu’il confirma le 2 mai 1871 : "…Union complète des nations libres basée sur un pacte social dont le premier article serait l’impossibilité de la guerre ; Nice deviendrait capitale de cette union européenne ; la position géographique de notre cité, son climat incomparable et les avantages de toutes sortes qu’elle présente me poussent à ce choix, plus qu’un orgueil de clocher." Voilà pour Garibaldi que les authentiques Niçois ne laisseront pas transformer en bon jacobin français, par les politicards et leurs sbires, à l’occasion du bicentenaire de sa naissance le 4 juillet prochain.
Et l’engagement d’Henri Sappia…
En ce qui concerne Henri Sappia, la preuve est on ne peut plus aisée à faire, qu’il militait pour l’indépendance de Nice et du comté. En mars 1871, (après que 10 000 fusiliers marins aient confisqué par la force des armes le vote séparatiste exprimé le 8 février par 73,72 % des Niçois), réfugié à Londres il écrivit noir sur blanc dans “Nice contemporaine”, livre interdit et pilonné par la IIIe République : "Nous par contre, proposons un seul dénouement possible pour Nice, la restauration de son autonomie, la soustraction a l’oubli, le retour à sa splendeur, le refleurissement d’une vie plus belle et plus prospère" et encore “Nice dès l’instant où lui furent ôtées ses franchises, desquelles la conservation était un pacte de dévouement a la Maison de Savoie était de droit maîtresse d’elle même et de son destin et par ce fait le traité de mars 1860 est sans valeur aucune. Où sont ces anciens pactes que Nice devrait et pourrait invoquer et invoquer elle aussi un équilibre européen qui aujourd’hui n’a aucune signification et donc n’existe plus ; qui pourra aujourd’hui renier à Nice le droit de pourvoir à son bonheur politique, moral et matériel Ceci me semble la seule solution équitable qui corresponde aux besoins de notre population et résoudrait la “question niçoise”.
Et plus loin : "…elle a arrêté, oh oui ! elle a arrêté ma Nice de se laisser tromper encore, elle se replie sur elle même et invoque, sous les auspices de Garibaldi, l’œuvre et les songes de ses enfants. Alors seulement elle pourra accomplir son destin… "
Les Arson méconnus…
Pierre-Joseph Arson chassé d’Avignon par la Révolution française s’installa à Nice. Il épousa la fille de négociants niçois et ouvrit une banque qui prospéra rapidement. Le roi de Sardaigne lui conféra le titre de comte de Saint-Joseph en 1830 et le nomma Consul de la ville. Il perçut immédiatement les immenses avantages que Nice tirerait d’un statut indépendant, surtout à une époque où souverains savoisiens rognaient avant de les supprimer les franchises garanties aux Niçois par le traité de dédition de 1388. Son fils Gonzague précisa ces projets en établissant un solide projet politique qu’il soutint dans son journal La Gazette de Nice, où il écrivait le 25 août 1859 : "… Il faut continuer à vivre sous le gouvernement bien-aimé de Victor-Emmanuel ou bien être rendu à la situation d’Etat indépendant comme avant le traité qui nous a placés sous la protection de la Maison de Savoie…" Au moment de l’annexion de 1860. C’est lui qui rédigea le texte de l’adresse que la junte municipale présenta au roi, lui demandant, faute de conserver Nice sous son sceptre, d’en faire un pays neutre et indépendant sous la garantie des puissances européennes. Arson qui était banquier, connaissait son affaire, et présentait une analyse économique on ne peut plus plausible ; la presse pro-française à Nice, sentant le danger tira à boulets rouges contre son projet qu’elle qualifia de “drolatique” et tenta de ridiculiser ; comme cela ne suffisait pas à entamer le crédit de Gonzague Arson, l’évêque Sola à qui Napoléon III avait promis de grands avantages financiers pour le clergé en échange du soutien à l’annexion, fut mis à contribution et déclara : “nous n’ignorons pas les menées par lesquelles des hommes aussi ennemis de l’Italie que de la France et plus ennemis encore de la prospérité des Niçois voudraient faire de cette province une république. Nous connaissons les fallacieuses promesses de suppression d’impôts et l’exemption du service militaire qu’ils cherchent à accréditer ; mais nous qui avons eu tant de preuves du bon sens des Niçois nous sommes sûrs que convaincus de l’absurdité des avantages qu’on leur promet ils repousseront avec dédain cette proposition.”
La trahison du clergé niçois lui rapporta beaucoup plus que les trente deniers qu’avait touchés Judas : il fut couvert d’or après l’annexion… Arson continua son combat et se battit même en duel avec Albin Mazon rédacteur en chez de l’Avenir de Nice, journal pro-français.
Les Niçois étaient pieds et poing liés, mais la théorie soi-disant “drolatique” d’Arson fut mise en pratique peu après avec succès, mais malheureusement à Monaco… Le prince de Monaco qui s’était débarrassé de la tutelle Sarde et avait échappé à l’annexion française, reprit immédiatement à son compte le projet d’Arson : en créant les jeux, en initiant une politique culturelle de haut niveau et en ouvrant son pays au tourisme de qualité il attira sur le Rocher toute les grandes fortunes mondiales. Dix ans seulement après l’annexion le veule et cupide évêque Sola qui ne voulait pas de république niçoise, eut à obéir à la république française, et les Niçois virent leurs voisins monégasques exemptés d’impôts et de service militaire par le prince Chartes III qui avait habilement réalisé à Monaco le projet soi disant “drolatique” que préconisait Arson pour Nice… ! Depuis lors le confetti monégasque, où paissaient des chèvres et où ne poussaient que des caroubiers en 1860 ne cessa d’accroître sa richesse, sa puissance et sa renommée, alors que Nice, riche, célèbre et puissante ne cessa de s’appauvrir et de décliner, jusqu’à l’état calamiteux où nous la voyons aujourd’hui… Cruelle leçon à retenir et surtout à méditer…