Réflexions sur les dernières élections…Interview d’Alain Roullier
Que pensez-vous du résultat de la présidentielle ?
Refusant la légitimité des partis parisiens à Nice, n’étant pas un adepte de la politique telle qu’elle se pratique dans ce pays, n’étant ni de droite, ni de gauche, et ayant encore moins de sympathie pour les extrêmes, j’ai une vision assez sereine qui n’est pas partisane, celle d’un spectateur. Un spectateur affligé par ce spectacle désolant qui rebute l’intelligence et le bon sens. Ces élections, plus encore qu’à l’ordinaire, ont été un grand show médiatique, une foire aux illusions, chaque candidat promettant à ses électeurs potentiels ce que d’évidence il ne pouvait pas leur donner. Le réveil risque d’être sévère pour ceux qui ont voté pour le vainqueur ; ceux qui ont voté pour le vaincu pourront toujours se dire, eux, que si leur candidat avait gagné, tout aurait été merveilleux. Perdre une élection permet à un politicien de conserver provisoirement son crédit, et l’assure de gagner la prochaine fois et ainsi de suite ; ce jeu de ping-pong dure ainsi depuis des décennies.
Je suis très surpris de la capacité des Français à subir indéfiniment le jeu malsain de la politique des partis, de croire à l’impossible, de confondre leurs désirs avec la réalité, d’être régulièrement bernés par les mêmes méthodes, d’être indéfiniment les victimes de politiciens dont le seul but est de les chloroformer par de belles promesses. Il est vrai que la plupart du temps les électeurs ne votent pas pour un candidat mais contre son adversaire ; ce petit jeu apporte de l’eau au moulin du système politique néfaste qui est en place, même si, sur le moment, il donne à chacun l’illusion de l’importance de son choix personnel. Quand les Français prendront-ils conscience que la politique est un métier, que ceux qui en font mènent des carrières, et que les qualités qu’il faut pour être élu, sont en même temps les pires défauts qui empêchent de gouverner pour le bien commun ?
Que pensez-vous du nouveau président ?
En ce qui concerne son action future en France, je pense qu’il a beaucoup promis à un public qui n’attendait que de rêver. Quand on fait miroiter un ballon d’oxygène à quelqu’un qui est en train de se noyer, on ne peut qu’être cru, évidemment. Mais ces promesses ne sont que des déclarations d’intention car le nouveau président ne sera tenu que par les circonstances, pas par sa profession de foi de candidat. L’avenir nous dira ce que valaient ses promesses électorales mais je me méfie de quelqu’un qui prétend qu’avec lui “tout sera possible” car c’est un procédé de vendeur de tapis à la sauvette sur un marché ; autrefois on proposait aussi des potions magiques aux naïfs… La candidate battue d’ailleurs faisait de même, en restant prudemment dans un flou artistique, les grands vides étant masqués par des sourires charmeurs et par des promesses de concertations qui mettraient tout le monde d’accord, alors que cela n’a jamais été le cas auparavant. Les deux candidats ont employé les mêmes procédés démagogiques, les enveloppant dans un emballage différent ; l’un a choisi du papier plus attrayant que l’autre et il a vendu son produit.
Mon appréciation est plus précise en ce qui concerne la politique qui sera menée à Nice car c’est la seule chose qui m’importe. S’étant emparé de la bannière nationaliste française, pour récupérer les voix “gelées” depuis vingt ans de l’extrême droite, le nouvel élu compte sans doute mettre tout le monde au garde-à-vous devant le drapeau français et la Marseillaise. Je vois cela à travers le prisme niçois : en 1792, nous avons été envahis, asservis et pillés sous les plis de ce drapeau et au son de cet hymne guerrier. En 1871, au nom de ce drapeau et de cet hymne, Paris nous a envoyé 10 000 fusiliers marins, l’artillerie et la cavalerie pour confisquer le vote séparatiste de Nice, légalement et massivement (72,73 %) exprimé dans les urnes le 8 février 1871, en 14-18, le même drapeau nous a coûté plus de 4 000 morts et la ruine, en 40-45 il nous a valu deux occupations, la barbarie nazie, et la famine, pour que finalement nous nous libérions tous seuls en 44… tout cela pour être toujours sous la coupe économique de Marseille et pour subir de plein fouet la déliquescence française. Le nouvel élu, actionnant les trompettes, clairons et tambours de l’ultra-nationalisme français, sera donc probablement un ennemi de Nice et des Niçois. Son discours de Besançon sur les minorités est extrêmement clair à cet égard : “Si je suis élu, je ne serai pas favorable à la Charte européenne des langues régionales. Je ne veux pas que demain, un juge européen ayant une expérience historique du problème des minorités différentes de la nôtre, décide qu’une langue régionale doit être considérée comme la langue de la République au même titre que le français. Car au-delà de la lettre des textes il y a la dynamique des interprétations et des jurisprudences qui peut aller très loin. J’ai la conviction qu’en France, terre de liberté, aucune minorité n’est opprimée et qu’il n’est donc pas nécessaire de donner à des juges européens le droit de se prononcer sur un sujet qui est consubstantiel à notre identité nationale et n’a absolument rien à voir avec la construction de l’Europe”… quand on dit cela, on ne peut être qu’un féroce ennemi de Nice et des Niçois qui aspirent à retrou-ver la liberté qu’on leur confisqua jadis par la force, la fraude et la corruption ; un ennemi aussi des peuples asservis jadis par la France qui étouffent dans le carcan jacobin et aspirent à retrou-ver leur langue, leur culture et leur autonomie. Ne voyez pas dans mes propos une quelconque couleur politique française, car je ne suis pas sûr du tout qu’avec sa concurrente c’eut été aurait été mieux, malgré des formulations différentes. On a vu aussi l’émergence d’un troisième homme, il ne fait que préparer son avenir politique, et ressortira dans quelque temps, quand les deux premiers auront perdu tout crédit. D’ailleurs ce ne sont pas ces personnes qui sont en cause, mais le système qu’elles servent.
Compte tenu de ce qui précède, il faut que dans l’avenir les Niçois fassent un barrage absolu au représentant à Nice de celui qui s’est déclaré sans équivoque contre la Charte européenne des langues régionales, car après la disparition inévitable de la scène politique de qui vous savez, usé jusqu’à la corde par treize longues années de pouvoir personnel, d’erreurs catastrophiques, de mépris pour les Niçois et d’atteintes à notre identité, ce sera lui le premier ennemi des Niçois ; vous voyez qui je veux dire… celui qu’au Conseil général certains appellent déjà Christian 1er. On ne pourra résister au rouleau compresseur parisien qu’il soit de gauche ou de droite qu’en formant un grand rassemblement niçois, exclusivement niçois et totalement apolitique.
Pourtant le nouvel élu a eu une grosse majorité à Nice ?
Oui, car à tort ou à raison, la gauche est trop liée dans l’esprit des gens à la décadence du pays, encore que la “grosse majorité” ne le soit qu’en pourcentage, non par rapport à l’ensemble du corps électoral français qui s’est abstenu à 40 %. Cependant, les choses pour moi sont plus nuancées car beaucoup de mesures dites “progressistes” ont été prises par la droite (majorité à 18 ans, avortement, regroupement familial des émigrés, régularisation de sans-papiers, etc.) ; à l’inverse pendant le règne de la “gauche caviar”, la Bourse flambait au point que même les petits boursicoteurs engrangeaient de confortables bénéfices ; étrangement c’est à cette époque qu’une politicienne de gauche de premier plan déclarait “que la France ne pouvait accueillir toute la misère du monde”. La vérité c’est que la gauche et la droite, toutes deux incapables, sont coresponsables du désastre français, mais il est plus confortable et plus lisible pour les gens dont la sensibilité est à gauche d’accuser la droite et l’inverse ; c’est humain, mais ne prend pas en compte tous les paramètres, car il faut déterminer qui a pris les mesures les plus néfastes pour la société française. Le vote à Nice ne me surprend pas, les Niçois ont voulu se protéger de nouvelles aventures démagogiques, menées au nom d’une philosophie dépassée, ce qui est normal, même si dans leur enthousiasme d’un jour ils ont peut-être oublié que tous les politiciens sont coresponsables de notre situation ; encore intoxiqués par la politique française, ils ont participé à ce vote verrouillé, c’était blanc ou noir, ils n’avaient pas véritablement le choix et ils ont cru bien faire.
Mais l’analyse plus pointue du résultat des présidentielles à Nice met en évidence des points très positifs pour l’avenir. En effet, sur 210 238 inscrits, 36 252 ne sont pas allés voter et plus significatif encore, 5 495 qui se sont déplacés ont voté blanc ou nul. Donc, 41 747 Niçoises et Niçois ont refusé de cautionner les politiciens français.
Mieux encore, une fois le président élu, l’abstentionnisme à Nice a augmenté encore dans de très fortes proportions aux législatives, ce qui montre en quelle estime les Niçois tiennent les politiciens locaux. Au premier tour, sur 213 392 inscrits, 121 725 Niçoises et Niçois n’ont pas voté et 1 709 ont voté blanc ou nul, soit au total 123 434. Cela représente une force considérable. Si les abstentionnistes niçois, que rejoindraient certainement d’autres, décidaient de voter aux municipales pour une liste niçoise et apolitique, ils reprendraient immédiatement le pouvoir chez eux. En tout cas, j’ai toujours dit qu’il fallait se désintoxiquer de la politique française et j’ai prôné l’abstention : j’ai tout lieu d’être très satisfait car 57,85 % du corps électoral niçois n’a pas voté, soit que les abstentionnistes aient suivi mes conseils, soit, et c’est encore mieux, qu’ils aient pris conscience par eux-mêmes qu’il ne fallait pas apporter de l’eau au moulin des partis parisiens. Les élus du premier tour avec de “gros scores” qui poussent des “Hourra !” n’ont obtenu que 50 ou 60 % de 42,15 % du corps électoral, ce qui ramène leur “victoire” au soutien de seulement 25,29 % de l’ensemble des électeurs : ils n’ont pas de légitimité réelle. A Nice, dans l’énorme vote abstentionniste, se trouve la promesse du renouveau de la ville.
Il y a eu pourtant un grand enthousiasme à Nice pour le vainqueur.
Oui, manifesté et orchestré d’abord par ceux qui mangent à la gamelle politique et qui attendent des postes, des places et des avantages, relayés et amplifiés par les médias à leur solde. Pour le reste, l’historien que je suis se méfie beaucoup des délires factices des soirs d’élections qui sont des exutoires aux pulsions nerveuses contenues et qu’ont débridées les médias pendant des mois. Je ne citerai que trois exemples lointains dans le temps pour ne fâcher personne, bien qu’il y en ait de très récents : quand la Dauphine de France, Marie-Antoinette, vint visiter les Parisiens, ce fut du délire et le maire de Paris, Bailly, lui dit au balcon de l’Hôtel de Ville en lui montrant la foule : “Madame, ce soir vous avez 20 000 amoureux”. Les “20 000 amoureux”, quelques années après la guillotinaient avec les mêmes transports de joie… A Rome, le Duce fut acclamé par des centaines de milliers de personnes sur la place de Venise, trois ans après on accrochait son cadavre à un crochet de boucherie et on le couvrait de crachats. Quand De Gaulle à la Libération remontait les Champs-Élysées dans le même délire, on lui chuchota à l’oreille : “C’est magnifique mon général, 40 000 parisiens vous acclament” ; mais lui n’était pas naïf et il répondit du tac au tac : “Oui, ce sont les mêmes qui, il y a trois mois, acclamaient Pétain…” Chacun pourra facilement trouver des exemples beaucoup plus récents. Le temps passe, mais la nature humaine demeure ce qu’elle est. L’ambiance survoltée du moment submerge la raison, une poussée d’adrénaline procure une délicieuse sensation, on se sent exister un peu plus, et puis la vie reprend son cours ; on va vers de nouvelles émotions et souvent celle de détruire ce que l’on a adoré la veille : peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse, cela procure la même sensation…
Que pensez-vous de la gauche et de la droite française ?
Ce sont des associés de fait qui ont fait une OPA sur l’Etat et qui se justifient l’un l’autre. Ils sont assurés, à moyenne échéance, d’avoir le pouvoir chacun leur tour. Ce système politique a mis le pays par terre. Tant que l’on ne reviendra pas à une saine démocratie, au règne du bon sens, de la vérité, si désagréable soit-elle, de la raison, des compétences réelles, rien de positif ne pourra sortir des urnes. Avant les hommes, c’est tout le système politique qu’il faut réformer. La gauche française est empêtrée dans des théories du XIXe siècle totalement dépassées qui actionnent la jalousie populaire : il faut prendre aux riches pour donner aux pauvres… Une société stable ne peut être fondée sur des théories simplistes, mais sur une interconnexion harmonieuse de toutes ses composantes et comme dit la bible, tout royaume divisé contre lui-même est appelé à périr. Il en va de même pour la droite qui actionne les cocoricos d’autrefois, et veut mettre tout le monde au garde à vous devant un drapeau qui cache des plaies purulentes ; mais le coq chante d’autant plus fort qu’il a plus que jamais les pattes dans le fumier et qu’il est enfermé dans un poulailler. Il vaudrait mieux enfin dire la vérité, mettre honnêtement tous les problèmes sur la table, et chercher des solutions sérieuses pour les résoudre ou au moins les atténuer. Mais cela, aucun politicien n’a le courage de le faire et peut-être les électeurs n’ont pas le courage d’entendre la vérité. C’est dommage car vivre dans le mensonge n’apporte que les fruits du mensonge et c’est ainsi que périssent les sociétés humaines.
Vous n’attendez donc rien de bon du résultat de ces élections ?
Non, je ne crois pas au père Noël et à un avenir qui, sans efforts, sera meilleur qu’aujourd’hui ; je ne crois qu’au bon sens et à la raison, même si les bateleurs de foire qui trônent sur les tribunes politiques sont de bons comédiens et les médias à leur botte de très grands manipulateurs. J’estime que leur faire confiance par lâcheté c’est être leur complice ; être trompé par eux de bonne foi, est tout aussi coupable, car cela fait cinquante ans qu’on les voit à l’œuvre et personne, sauf les très jeunes, ne peut invoquer le facile prétexte de la surprise… Si l’on n’est pas capable de faire la relation, pourtant évidente, entre la situation de faillite dans laquelle on patauge et le système politique qui a régné pendant la même période, alors il faut se regarder dans une glace, faire une autocritique et se remettre sérieusement en cause. Je sais que c’est difficile, que l’on se sent seul et impuissant mais pour le moins on ne doit plus participer à ce jeu malsain. Sans légitimité populaire, les politiciens seraient contraints de changer d’attitude. Il ne faut pas faire semblant, faire comme si cette fois c’était possible alors que l’on sait parfaitement dans son for intérieur que cela va continuer comme avant, c’est-à-dire empirer ; il ne faut pas se défiler non plus en se disant que de toute façon on ne peut faire autrement et qu’on va tenter encore une fois la chance : il faut, volontairement et en toute conscience, refuser de cautionner. Dociles aux habitudes, intoxiqués comme nous le sommes par les médias, c’est difficile, mais il faut franchir le pas. Quand des millions de gens refuseront de le cautionner, le système s’effondrera ; dans ce cas, le vote de chacun aura enfin un vrai pouvoir. Il faut avoir conscience que le plus isolé, dans son coin, avec son petit bulletin de vote a une responsabilité personnelle et un moyen d’action, car des millions de petits bulletins de votes blancs, cela fait une grosse majorité.
Vous aviez appelé à l’abstention ?
Oui et ceux qui m’ont écouté s’en féliciteront bientôt. C’est l’unique moyen de ne pas se sentir trahi quand les catastrophes vont arriver, de n’être pas impliqué dans le désastre qui est inévitable, car ce qu’ils n’ont pas fait hier, ils ne le feront pas aujourd’hui. Ils ne le feront pas car ils ne peuvent pas par de belles paroles infléchir le cours des choses. Ils n’ont pas de baguettes magiques, quand dans un bilan il y a un débours, il faut qu’il y ait une recette équivalente, et quand il y a un déficit il faut un bénéfice pour le combler ; quant au gaspillage éhonté des deniers publics, il ne disparaîtra pas, car il profite à beaucoup de gens, notamment aux amis des politiciens qui les ont aidés à prendre le pouvoir et à qui ils doivent retourner l’ascenseur. Il faut que les politiciens jacobins soient désavoués à Nice, qu’ils trouvent devant eux un désert absolu. Ils seront élus quand même, me direz-vous ? Oui, certes mais ne l’étant que par une majorité de façade et ne disposant pas de légitimité véritable, ils disparaîtront le tour d’après, si entre-temps les Niçoises et les Niçois décident de reprendre le pouvoir chez eux à l’occasion des municipales en portant la société civile aux affaires…
Qu’entendez-vous par là ?
Mon petit doigt me dit qu’il va se produire dans moins d’un an un grand bouleversement politique à Nice, et il nous permettra ensuite de nous défaire des députés jacobins qui sévissent chez nous. Je ne me préoccupe que de Nice, la France ira vers son destin, c’est-à-dire le déclin absolu ; les cocoricos électoraux, les effets d’annonce et la poudre de perlimpinpin feront sur l’économie et la moralité du pays, l’effet d’un cautère sur une jambe de bois. Nous Niçois devons penser à Nice et lutter pour la sortir de l’affreuse situation où vont la laisser les deux mandatures municipales qui vont enfin s’achever. Quand nous aurons repris le pouvoir chez nous, remis de l’ordre et assuré la sécurité, quand nous nous serons occupés enfin des Niçoises et des Niçois, quand nous aurons rendu à notre ville son esthétique et son caractère niçois, quand nous aurons assuré à nos anciens une vie digne et à nos jeunes un avenir plus clément sur cette terre niçoise qu’ils aiment, nous mettrons tout en œuvre pour échapper à la tutelle économique de Marseille, puis à la tutelle politique de Paris.
D’ailleurs à ce propos, “Marseille” devient le pratique bouc émissaire de tout un chacun ; pour calmer les Niçois et flatter leur sentiment national dans le but évident de le récupérer, tous les politiciens locaux et les apprentis candidats dénoncent Marseille comme la source de tous les maux de Nice. C’est facile, sans risques, cela ne coûte rien et cela plaît à tout le monde ; ils peuvent donc se présenter comme d’héroïques défenseurs de notre ville et espérer rafler des voix. Mais il ne faut pas tomber dans ce piège qui n’est qu’une très grossière ficelle : Marseille n’est que la cheville ouvrière de Paris… qui peut continuer à nous étrangler en transférant ses chiens de garde à Nice ou ailleurs. Se défaire de la tutelle de Marseille, oui, mais ceci n’est qu’une étape, car en réalité tout est décidé à Paris. Et c’est aux partis parisiens que nous devrons arracher le droit légitime de nous gérer nous-même, pas aux hommes politiques de Marseille qui ne sont que de dociles exécutants du pouvoir central. L’Europe est en marche et toutes les régions des pays voisins sont autonomes, la France y viendra aussi, par la force des choses ; il faut se préparer afin que Nice ne soit pas l’éternelle oubliée. En attendant nous avons beaucoup d’efforts à faire.
Comment voyez-vous l’échiquier politique niçois ?
Comme il est, c’est la foire aux ambitions, le règne des incapables, la porte ouverte aux voleurs… sur un fond d’endettement faramineux, de conduite irresponsable, de mépris de la population, de faillite économique, d’avenir sombre pour la jeunesse, de destruction de l’identité niçoise. Celui qui nous sert de maire par la grâce de l’Etat jacobin bien qu’il n’ait plus de mandat électif depuis le 25 mars dernier, et le président du Conseil général sont en concurrence directe et s’affrontent maintenant à fleurets démouchetés, les partis se disputent Nice, toute la horde des ambitieux d’occasion tirent des plans sur la comète, le demi-monde municipal qui a mangé à la gamelle pendant longtemps mais n’a plus l’heur de plaire au maître du moment, calcule les meilleures combinaisons pour partir en dissidence sans risques et s’assurer une part du gâteau comme par le passé… La récente victoire à la présidentielle fait rêver les uns d’investiture, laisse penser aux autres qu’ils pourront se faufiler derrière un éventuel vainqueur ; d’autres pensent : “pourquoi pas moi ?” et feraient bien de relire Pascal qui disait fort justement que le “Moi” est haïssable… Pendant que les crocodiles s’agitent dans le marigot politique, les Niçois souffrent, subissent, sont humiliés et méprisés. Mais quelque chose d’inattendu va bouleverser les plans des politiciens parisiens et de leurs affidés, car depuis quatre ans beaucoup de Niçoises et de Niçois se rassemblent et vont faire entendre leur voix. On ne peut mieux dire, car ils vont bientôt voter aux municipales… Ils savent parfaitement que les deux principaux adversaires sont aussi dangereux l’un que l’autre pour Nice : l’un s’efforce de nous gratifier d’un sourire forcé qui n’est pas convainquant, l’autre, même pas ; mais sur le fond, ils se valent et poursuivent le même but. Les Niçois savent fort bien que ceux qui ont mangé à la gamelle pendant si longtemps sont à écarter énergiquement et que les ambitieux d’occasion ne sont pas crédibles et divisent alors qu’il faut se rassembler.
Tout Nice a pu se rendre compte que depuis 1990, date à laquelle les partis parisiens se sont emparés de notre ville après le départ de Jacques Médecin, les choses vont de mal en pis et de plus en plus vite. Il résulte de ceci que le seul moyen de sauver cette ville, d’assurer un avenir à nos jeunes et de restaurer l’identité niçoise, c’est d’échapper aux partis parisiens en installant la société civile niçoise au pouvoir municipal. Ceux qui vont se présenter aux municipales avec une tour Eiffel sur la tête seront rejetés comme par le passé ; nous éviterons à ceux qui se sont trop gavés à la gamelle de se faire craquer la sous-ventrière en les éloignant du perpétuel buffet municipal, quant aux ambitieux occasionnels, qui n’ont aucun titre ni qualités pour représenter les Niçois, nous les ferons rentrer sagement dans le rang.
Alors vous serez candidats aux municipales ?
Pourquoi moi ? Je ne cultive pas le culte de la personnalité, je dis simplement ce qu’il y a à dire au nom du rassemblement de Niçoises et de Niçois que je préside. A la L.R.L.N. (Ligue pour la Restauration des Libertés Niçoises) il y a beaucoup de monde et nous verrons le moment venu. J’ai initié ce grand rassemblement, maintenant il existe, c’est l’essentiel, et nous choisirons le plus apte à mener avec succès le combat municipal. Une action refondatrice doit impérativement être mise en place rapidement pour que Nice ne meure pas. Celle ou celui qui représentera la Ligue ne sera que l’instrument de la volonté populaire et rien de plus. Cette tête de liste, puisqu’il en faut une, n’agira pas en son nom, mais au nom d’une multitude de Niçois et elle s’engagera formellement sur des points très précis, à faire ce pour quoi elle est mandatée. Si cette tâche devait m’échoir, j’en mesure la grandeur, mais aussi la difficulté car il faut reprendre beaucoup de choses à zéro avec un esprit de sacrifice, car il ne fait pas bon bousculer certains intérêts occultes… Le cas échéant, je ne ferai pas de promesses mirobolantes comme d’autres car je ne suis pas un marchand d’illusions et je hais le mensonge : je ne promettrai qu’une chose à mes concitoyens : de sabrer là où il faut, de démanteler les systèmes corrompus et de faire pour le mieux dans l’intérêt de Nice, en impliquant personnellement tous les Niçois dans cette œuvre salvatrice. Contrairement à ce que certains peuvent croire, ce n’est vraiment pas une partie de plaisir et j’en suis très conscient, trop, peut-être. Mais il faut le faire. Pour Nice. Il faut respecter ce que nos ancêtres ont bâti, assurer l’avenir de notre jeunesse, aider les Niçois qui n’en peuvent plus.
Pour l’heure, je rencontre toujours beaucoup de gens de tous les quartiers de la ville, de toutes conditions et de tous âges. En quelque sorte, je tâte le pouls du peuple niçois dont je fais partie, ce qui au demeurant est très agréable car j’ai conscience qu’il est une entité bien réelle et non “résiduelle” comme le prétendait naguère le maire de Nice. Le parfum de notre jeunesse, de tout ce qui n’existe plus, de toutes ces belles choses détruites, de toute cette ancienne convivialité, me fait chaud au cœur et me détermine à chasser les responsables de la situation actuelle, pour reconstruire la Nice qui était, qui doit être, et qui sera. Nice est à la croisée des chemins : faillite économique, destruction de notre identité, saccage de notre ville, spéculation immobilière, cherté de la vie, insécurité, insalubrité, résurgence de groupuscules xénophobes et racistes qui jettent le discrédit sur la ville et offensent les Niçois en dénaturant et souillant nos symboles historiques… A toutes celles et à tous ceux qui souffrent de la situation actuelle, seules ou seuls dans leur coin, à tous ceux qui sont isolés, amers et déçus, je dis : gardez confiance, le Peuple Niçois existe, il n’a pas disparu… Il se rassemble, et bientôt, animé d’une sainte colère, il fera entendre sa voix…