M. Estrosi a annoncé sa candidature à la mairie
Les journalistes ont sorti les grosses brosses à reluire, pour claironner la bonne nouvelle dans un registre mystique qui évoque : “un sauveur vous est né...” Il aurait dû annoncer sa candidature le 24 décembre, à minuit, ça aurait fait plus vrai... On parle de “4000 personnes assemblées à Acropolis” alors qu’il n’y en avait que 2500 tout au plus et que pour arriver à ce chiffre l’on avait mobilisé tous les godillots UMP du département ; écoutons l’épique et majestueuse narration qu’il conviendrait de graver dans le bronze pour en conserver le ridicule souvenir aux générations : “...Et la ville était là pour écouter. Toute la ville ou plus précisément tout ce que la ville compte comme personnalités influentes à un niveau ou à un autre. Ils étaient tous là, pour dire un soir de mars 2008 : au premier jour de campagne, j’y étais”. A ne pas y croire... voilà un Napoléon de papier haranguant ses soldats... avant de les envoyer à la boucherie électorale. Ceux qui “n’y étaient pas” et ne sont pas des “personnalités influentes” à savoir 375 000 habitants sont évidemment le vulgum pecus éloignés de l’astre solaire qui débarque de Paris pour enfin nous éclairer car avant qu’il ne daigne s’intéresser à nous, nous n’avions que la bougie ! Et encore : “quasiment tous les maires de la Canca, bon nombre d’élus niçois et de conseillers généraux sont au pied la tribune et attendent, quémandent un signe”, quémandent un signe !!! Vite alertons le Vatican pour qu’il diligente immédiatement une procédure de canonisation directe, la béatification étant déjà acquise, conférée par le monopole de presse Niçois... Mais qui sait si l’avocat du Diable ne va pas objecter que ceux qui étaient aux pieds de l’estrade ne “quémandaient” pas autre chose qu’un signe...
Et, au cours de ce Festival du Vent, le candidat “pur Niçois” évoque avec des trémolos dans la voix “ses” héros Niçois : “Albert Calmette [fils d’un haut fonctionnaire français du corps préfectoral d’occupation installé à Nice en 1860 qui naquit par accident à Nice en 1863, n’y vécut jamais, s’installa à Lille et mourut à Paris !], Mgr Rémond [né à Salins et que le Vatican dut débarquer car il devait assez libidineux à la fin de sa vie et s’accrochait à son siège épiscopal ], Torrin [ né à Pélasque, habitant à Gattières] et Grassi [ né à Simalunga, habitant à Gattières]...” Des “héros Niçois” cités par M. Estrosi, pas un seul n’est Niçois !!! Mais il s’affirme Niçois jusqu’à la dernière goutte de sang... heureusement, car s’il n’était qu’à moitié Niçois, il nous aurait cité des héros papous... En tout cas, Merci pour Ségurane, Garibaldi, Galléan, Jeanne Vérany, Catherine Ribauda, les barbets, Max Barel, Jean-Baptiste Malausséna et quelques centaines d’autres... il n’en manquait pas... Apparemment ce “pur Niçois” à du ouvrir un livre français au hasard pour composer son discours, car il ne connaît pas un seul des héros qui sont les fleurons de Nice, la vraie... c’est à croire que celle à qui il s’adressait ce soir était la “Nice” des intérêts parisiens, celle de l’UMP... Et la “cravate bleue sur fond d’écran bleu” (on a oublié de nous dire quelles vertus avaient le bleu, qui rappelle aux Niçois les exactions de la soldatesque du même nom), il termine par “Ensemble, nous allons construire une ville à faire rêver le monde”... En voilà un qui veut reconstruire Nice, non pitié assez de travaux ! Si l’on s’en tient à cette narration on a la désagréable impression qu’en fait de “rêve” l’on ira tout droit au cauchemar ! Flatter est tout un art, et s’y essayer sans le maîtriser conduit au ridicule... Enfin tout de même avouons que deux miracles ont eu lieu ce soir là ; Jésus avec sa multiplication des pains et sa promenade sur les eaux est battu à plate couture : M. Estrosi a parlé devant 2500 personnes et toute la ville était là par téléportation... et en construisant une ville qui ne l’a pas attendu pour exister depuis 25 siècles déjà, il va faire rêver le monde... Et un troisième miracle est annoncé, il va multiplier les voix, les pains c’est dépassé... il veut de la brioche. C’est une ambition forcenée qui semble t-il le fait rêver, mais les Niçois eux ne rêvent plus du tout, et dur sera son retour sur terre, sur cette terre niçoise pétrie du souvenir de héros, qu’il ne connaît pas... Dont acte.
Les Nouvelles Niçoises, Novembre 2007