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5 juillet 2011

L'arrière-pays, gardien de notre identité

comt__oneQuelques fois, quand ils parlent d’identité niçoise, certains ont tendance à ne pas mesurer à sa juste valeur l’apport de l’arrière-pays à notre culture. Aujourd’hui la vie moderne a isolé les hommes et l’on ne connaît même plus ses proches voisins. Autrefois Nice et l’arrière-pays étaient tout à fait interdépendants, tant sur le plan économique, que culturel. Les liens du sang tissés par les mariages, une histoire et des intérêts communs, unissaient parfaitement la capitale du comté et tous les villages et territoires, même excentrés.

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Des charriots passant par la route de Turin montaient tous les jours vers les vallées, empruntant la longue route du sel et apportant marchandises et nouvelles dans les montagnes. A l’inverse, des villageois descendaient vers Nice avec des fruits, des légumes, des ovins et bovins ainsi que du vin de qualité. L’arrière-pays couvert d’oliviers faisait la richesse économique de la région, du fait que la production d’huile d’olive fut longtemps la principale ressource de Nice, avant qu’elle ne soit remplacée par le tourisme (qui avait commencé au XVIIIe siècle et prit une formidable ampleur au suivant, bien avant l’annexion).

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Aujourd’hui beaucoup d’habitants des vallées descendent travailler dans les environs de Nice où à Nice même et les Niçois qui souvent possèdent des résidences dans les villages viennent y passer une partie de leur temps libre, surtout quand les touristes l’été investissent Nice et que la canicule sévit. Lors des nombreuses guerres et invasions que Nice a dû subir, elle a toujours été défendue par les milices de l’arrière-pays, qui formaient un contingent non seulement non négligeable, mais souvent plus important et plus combatif que les troupes royales de Savoie.

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Lors des sièges de 1543 de 1691 et de 1705, entre autres, les milices du haut-pays fournirent à Nice beaucoup de combattants. Lors de l’invasion républicaine de 1792, ce ne sont pas les troupes royales qui ont tenté de défendre Nice, mais bien les milices de Michaud et de Orestis. L’armée régulière commandée par le vieux général de Courtens se replia immédiatement, refusant le combat, trahissant les ordres de son roi et les Niçois. Sur tous les fronts dans le comté, les milices et les Barbets, dont le fameux François Fulconis dit Lalin, agirent avec plus de détermination que les troupes régulières qui ménageaient leur sang alors que les gens du cru versèrent le leur et payèrent un lourd tribu pour défendre la liberté de Nice. Honneur donc, au Pays Gavot !

Les combats de Saorge

On cite même l’un des combats de Saorge où les Barbets et les milices du major Testoris, qui subissaient seuls le choc, envoyèrent un émissaire au général de Courten pour lui demander l’intervention d’un bataillon de la légion légère pour les aider ; celui-ci aurait répondu qu’il conservait les forces régulières pour l’assaut final (qui n’eut jamais lieu), ajoutant qu‘il était naturel que les hommes des milices défendent leur sol et qu’il n’allait pas sacrifier la noblesse savoyarde pour enlever une batterie aux français… Les Français piétinèrent un an devant Saorge et le renégat Masséna contourna Saorge par le Val Nervia, et viola la neutralité de la République de Gênes, pour venir à bout de la résistance de la ville. Les milices du major Bermond repoussèrent seules les assauts français dans les montagnes durant un an. barbets pais nissart

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Lalin qui s’était couvert de gloire, notamment lors des violents combats de l’Aution, fut nommé lieutenant. Tout l’arrière-pays résista aux invasions et particulièrement à celle de 1792. Les difficultés d’accès et le caractère indomptable des solides montagnards permirent une résistance longue et acharnée. Chacun connaît le célèbre Saut des Français, qui même s’il est anecdotique, illustre le combat acharné du Pays de Nice pour conserver sa liberté.

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Plus tard, le pouvoir français falsifia l’histoire et fit passer nos résistants pour des brigands, alors que les brigands (et bien pire encore) étaient les envahisseurs français. Ce scandaleux mensonge a tourné court et aujourd’hui, chacun connaît la vérité. La France devra désormais s‘accommoder de nos héros et surtout admettre ses propres tares jacobines. Le pouvoir parisien et ses représentants locaux, au lieu de nous ridiculiser, de nous pressurer et de tenter de détruire notre identité, devraient rougir de honte et nous demander pardon à genoux pour tout le mal que jadis et régulièrement il fit chez nous, alors que nous fumes toujours pacifiques et accueillants.

La langue et les traditions

La langue parlée encore de nos jours dans l’arrière-pays est le Gavot. Il diffère un peu du Niçois, et certains pourraient croire qu’il s’agit d’une variante abâtardie de notre langue.
Cependant, des érudits pensent à l’inverse que l’on parle dans nos montagnes le vrai Niçois employé au XVe siècle. Cette thèse est probablement exacte car à Nice la langue a subi l’influence d’apports massifs d’étrangers, des patois ligures, sans compter les mots et expressions laissées par les troupes d’occupation françaises, espagnoles et autres.  De nouveaux mots ou expressions ont été peu à peu inventés au gré des circonstances. L’isolement du haut-pays l’a protégé de ces déformations linguistiques.

Pour les mêmes raisons, le Gavot y est souvent plus employé que le Niçois à Nice, par les anciens et par les jeunes qui se retrouvent au bar du village ou à la chasse.  Les jeunes sont très attachés à leur langue ancestrale, la défendent pied à pied et aimeraient que des cours soient dispensés dans les villages. Les anciens sont tout désignés pour transmettre ce patrimoine essentiel, la bonne volonté ne manque pas, il suffit seulement d’un peu d’organisation.

La plupart du temps, les traditions sont plus respectées dans les villages qu’à Nice, même si elles sont accolées à des fêtes civiles. Tous les villages ont des saints protecteurs et une fois l’an, à date fixe, on les honore par des processions, avant que ne se déroule le festin. Le festin est un formidable outil social car les habitants de tous les villages (et en particulier les jeunes) se rendent par roulement aux festins voisins, ce qui unit tout l’arrière-pays. A Nice certaines fêtes et processions ont résisté au temps mais l’immensité de la ville, le nombre de ses habitants et le peu d’intérêt que leur accorde les pouvoirs publics (qui n’y voient qu’une petite note folklorique mineure) font qu’elles ne resserrent plus le lien social.

Pour toutes ces raisons, l’arrière-pays est un peu “le coffre fort” où l’on garde jalousement le trésor de nos traditions.

Les droits du Haut-Pays

drapeu_pais_nissartNice est titulaire de droits juridiques certains comme l’explique longuement et avec précision l'ouvrage Nice, demain l’indépendance de Alain Roullier-Laurens et les Niçois d’ailleurs l’ont toujours su, même si avec la disparition des anciens et l’envahissement de Nice par des cultures et mœurs étrangères, cette réalité a trouvé refuge dans l’inconscient collectif.

Mais il ne faut pas oublier que tout le Pays de Nice à, de part l’histoire et les traités, des droits juridiques établis, même s’ils sont aujourd’hui bafoués. En effet, Nice et le Pays de Nice traitèrent librement en 1388 avec le comte de Savoie, lors de la fameuse dédition. Ce contrat assurait des droits à tout l’ancien Pays de Nice et pas seulement à sa capitale. L’annexion militaire de 1860 et le plébiscite truqué ont privé tout l’ancien Pays de Nice de ses droits mais si la Ligue pour la Restauration des Libertés Niçoises (LRLN), seul rassemblement puissant et structuré qui, preuves à l’appui, réclame ces droits et œuvre politiquement pour les récupérer, parvenait à les faire valoir, en tout ou partie, devant la communauté internationale, les habitants de l’ancien Pays de Nice qui traita en 1388 avec la Maison de Savoie, s’ils le voulaient, en bénéficieraient comme les Niçois. L’histoire commune a forgé des droits communs qui lient solidement Nice et l’arrière-pays.

Les jeunes se mobilisent

brigade sud_pais nissartDans tous les bourgs et villages, comme à Nice, l’on peut constater une formidable mobilisation de la jeunesse qui refuse résolument de perdre son identité et les valeurs de son terroir. Les relations amicales qu’ont tissées les jeunes de très nombreux villages entre eux et avec la jeunesse niçoise, ont propagé cette volonté de conserver l'identité niçoise.
A la mauvaise humeur de se voir envahis et souvent dépossédés, voir humiliés par des nouveaux arrivants irrespectueux, s’ajoute la difficulté de pouvoir travailler et demeurer sur son sol.

 La joie de vivre disparaît progressivement et les valeurs anciennes ont tendance à se diluer dans une modernité qui, si elle a des avantages, apporte aussi tout un cortège de très graves dérives qui hypothèquent l’avenir. Les jeunes savent qui ils sont, quel est leur pays et comment ils veulent vivre. Ils n’acceptent pas la bouillie grise que leur prépare les technocrates, véritables “cerveaux dans des bocaux” qui ne quittent pas leurs bureaux, indifférents aux catastrophes qu’ils préparent. La logique du profit, de la consommation et de la production, et surtout la dépersonnalisation programmée de l’individu se heurtent de plus en plus à la farouche résistance des nouvelles générations.

Le sentiment légitime d’être injustement dépossédé de leur identité, soude les jeunes du Pays de Nice tout entier. Après quelques balbutiements, dus à un manque de coordination et à la difficulté de savoir par quel bout prendre ce problème complexe et multiforme, la résistance effective se met en place. N’en doutons pas une seconde, les jeunes de l’arrière-pays, aidés et conseillés par les anciens, seront dignes des Barbets et des milices communales de jadis.

De notre sol sacré pétri de la sueur et du sang de nos ancêtres, jailliront des centaines et des milliers de “Lalin”, car comme le dit le proverbe : "mon sang ne saurait mentir"…

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Le nôtre est fort et, nous pouvons être convaincu, toute la belle jeunesse du Pays de Nice, soudée par l’amour de sa terre, aussi tranchante qu’un soc de charrue, aussi solide et généreuse qu’un olivier ou un pied de vigne, le prouvera sous peu…

 

Liberà lou Pais Nissart !

 

 

 

 

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