5- Réforme territoriale et région niçoise

Donc pour vous, la seule alternative envisageable c’est l’autonomie ou l'indépendance ?

Ce n’est pas une alternative, la voie du séparatisme, que ce soit le régionalisme, l’autonomisme et encore plus l’indépendance, est la seule solution durable pour nous. Car nous ne pouvons plus rester dans une telle situation où le pouvoir décisionnel nous est confisqué et où nous nous retrouvons désarmés face aux problèmes sociétaux et économiques engendrés par la France jacobine qui est incapable de les résoudre. Personnellement je suis indépendantiste et si demain l’occasion d’une indépendance pleine et entière est à saisir, il faudra la saisir immédiatement. Cependant j’envisage nécessairement s’il le faut, de passer par une première étape, celle d’une « région Pays Niçois » séparée de Marseille et de la PACA dans laquelle les Niçois ne se reconnaissent pas et ne se reconnaîtront jamais. Le Pays Niçois n’est pas et ne sera jamais la Provence ! L’idée d’une séparation avec Marseille est admise et souhaitée par une majorité de Niçois, mais visiblement pas par nos élus se sentant insultés lorsqu’ils sont qualifiés par la région de « sécessionnistes », car Marseille a pleinement conscience que le peuple niçois rejette la région. C’était même le moment pour les élus de se faire entendre à l’occasion de la réforme des régions, ils ne l’ont pas saisie, montrant qu’ils ne sont pas si niçois et  attachés à notre particularisme dont l’inimitié pour Marseille fait partie..

Ce n’est pas un peu tard maintenant pour revendiquer et militer la création d’une région niçoise alors que l’assemblée nationale a définitivement voté la réforme territoriale ?

Vous savez, s’il y a une chose qui est certaine dans la vie : c’est que rien n’est sûr et définitif. Rien n'est immuable comme l’aime à penser les jacobins pour éviter l’évolution et la marche de l’histoire. Personne n’imagina la chute du mur de Berlin un an avant. Personne ne pouvait imaginer, 10-15 ans en arrière que la carte des régions en sera chamboulée et évoquer la disparition des départements. Alors ce « vote définitif » ne le sera pas. De toute façon, comme cette réforme a été conçue par le seul bon vouloir de Paris, cela ne pourra pas rester en l’état. Cette réforme engendre beaucoup trop de problèmes, plus qu’elle n'est censé en résoudre, cette réforme a réveillé la conscience des peuples. L’Alsace refuse de se voir disparaitre dans une hyper-région artificielle, la Bretagne manifeste pour sa réunification complète etc. La seule réussite de cette réforme est d’entretenir les luttes séparatistes voir d’en créer de nouvelles. En fait c’est la France elle-même, par son jacobinisme sectaire refusant toute évolution qui crée toutes ces luttes séparatistes…

Mais une région Niçoise, si elle se faisait ne serait-elle pas trop petite par rapport aux nouvelles super-régions ?

Affirmer que la compétitivité d'une région est proportionelle à sa taille est un non-sens économique prouvé. La France jacobine oublie l’essentiel, si on crée un territoire artificiel regroupant des personnes qui ne s’entendent pas déjà à la base et chacun tirant la couverture à soi on ne va nulle part. On peut déjà le constater cette région artificielle de PACA, où Paris a regroupé les peuples niçois et provençaux ayant un millénaire d’inimitié derrière eux. Il est préférable de constituer une région plus petite, de taille humaine comme le serait le Pays Niçois avec une vision commune pour dévolopper notre territoire. Il suffit de voir les petits pays européens qui sont les mieux gérés et les plus dynamiques. Par exemple, le Luxembourg est le pays de l’Union Européen possédant le PIB par habitant le plus élevé au monde ! Les régions françaises avant la réforme étaient déjà parmi les plus grandes d’Europe, ça n’a donc rien à voir avec la taille, surtout lorsque les jacobins veulent comparer avec les Lander allemands en n’oubliant de signaler que ces mêmes Lander sont autonomes et ont donc les mains libres contrairement aux régions françaises.

Autre exemple concernant l’autonomie que les régions françaises n’ont pas : la région du Val d’Aoste est la plus petite région d’Italie en taille et en population, pourtant la grande autonomie de cette région fait qu’elle conserve 90% de ses impôts pour elle-même, ce qui représente pour le Val d’Aoste un budget de plus de 4 milliards d’Euros ! Imaginez un peu : un budget de 4 milliards pour une région moins peuplée que Nice ! C’est aussi un budget bien plus élevé que celui du département des Alpes-Maritimes (1,3 milliards) ou de la région PACA (2,1 milliards) comme quoi la taille ne compte vraiment pas quand on a les mains libres…ici on peut le dire : « ce n'est pas la taille qui compte »

Comment envisageriez-vous cette région niçoise ? Quels seraient ses frontières et ses moyens ?

On pourra, cela est un avis personnel, reprendre les contours du Pays de Nice juste avant l’annexion en 1860. Après si d’autres communes ayant appartenues à un moment donné au Pays de Nice ou refusant la PACA veulent nous rejoindre, pourquoi pas, c’est à réfléchir. Concernant les moyens, on peut tout simplement récupérer la partie de nos impôts finançant le département et la région, fusionner avec le budget de la « Métropole Nice côte d’Azur » et des autres intercommunalités. Juste avec ceci on pourrait selon nos calculs, avoir une région niçoise de « petite taille » certes mais  avec le budget de la région PACA !  Une région de taille humaine permettrait également de supprimer véritablement le millefeuille territorial français. Plus besoin de départements, qui sont de toute façon en voie de disparition, ni de métropoles confisquant les moyens et l’autonomie des communes. Seul existeraient la région et les communes traitant directement avec celle-ci sans intermédiaire et recouvrant l’autonomie, les compétences et les moyens confisqués par les intercommunalités.

Ainsi la nouvelle région autonome du Pays de Nice laissant libre choix à ses communes de pouvoir réorganiser l'ensemble du millefeuille administratif français éviterait, de démultiplier les dépenses de fonctionnement. En regroupant les 4 collectivités actuellement en place (région, département, métropole et commune) nous pourrions ainsi mieux gérer nos affaires et avoir déjà une première autonomie vis-à-vis de Marseille. Cette région niçoise et ses communes se partageant toutes les compétences, comme la scolarisation de l’élémentaire jusqu’au lycée, la sécurité liée aux risques environnementaux, les aides, l’emploi, les routes, les chemins de fer et je pense notamment au train des Pignes et bien entendu la ligne Nice-Cuneo, véritablement ligne de vie de toute une vallée actuellement menacée : En ayant notre propre région où nous pourrions défendre nos intérêts et ne pas mendier quelques euros à Marseille, les usagers de la ligne Nice-Cuneo n’auraient pas été inquiets de la possible fermeture de la ligne ! Qui dit nouvelle région dit aussi nouvelles institutions et infrastructures, nous pourrions par exemple enfin récupérer notre Cour d’Appel confisquée depuis 1860. En ayant eu notre propre région depuis bien longtemps déjà, qui sait, nous aurions pu être propriétaire de notre aéroport comme le rêve tant M. Estrosi… Et bien entendu, nous aurions les moyens de faire vivre et pérenniser notre identité qu’elle soit niçoise, gavote, royasque, mentonnaise sans besoin de quémander des subventions à Marseille. Une région niçoise nous permettra également de créer des liens et des partenariats transfrontaliers, comme par exemple une euro-région de l’arc alpin regroupant les territoires des anciens Etats de Savoie, renouant ainsi nos liens fraternels séculaires brisés depuis l’annexion.

Je suis convaincu qu’un jour où l’autre, les régions françaises auront plus d’autonomie à la fois financière et politique, il faut donc s’y préparer.

Vous pensez réellement que la France accordera un jour plus d’autonomie aux régions ?

Je pense que tôt ou tard, la France y sera obligée, soit parce qu’elle ne pourra pas éternellement aller à contrecourant de l’Histoire et de l’éveil des peuples comme on le voit un peu partout en Europe, soit parce que la France, tel le Titanic sombrant corps et âme n’aura tout simplement plus les moyens de tout centraliser, elle n’aura plus les moyens de son jacobinisme et sera obligé de lâcher du lest et de laisser les régions se débrouiller en leur accordant, à contre-coeur, une autonomie financière et politique. C’est pour cette raison qu’une région niçoise est impérative, car si demain la France accorde une large autonomie aux régions comme cela se fait ailleurs en Europe, à votre avis si nous restons dans la PACA, qui bénéficiera de cette autonomie ? Marseille bien évidement !  Et les Niçois se retrouveront encore une fois lésés ! Pensez à l’exemple du Val d’Aoste cité précédemment, imaginez ce que l’on ratera avec le boulet marseillais au pied… Alors imaginons d’autant plus si demain la France à force de sombrer finit par se morceler comme la Yougoslavie ou l’URSS, imaginez un seul instant cette situation : les régions françaises deviennent carrément indépendantes. Si nous restons dans la PACA qui bénéficiera de cette indépendance ? Marseille encore une fois et les Niçois seront une fois de plus lésés !

Et comment comptez-vous parvenir à l’émergence d’une région niçoise ?

Il faut tout d’abord que les Niçois prennent conscience d’appartenir à un peuple singulier, qui n’a rien à voir avec les provençaux. Et que cela plaise ou non à la France jacobine, il existe bien un peuple Niçois, comme il y a un peuple breton, alsacien, savoisien, basque, corse et tant d’autres dans la France métropolitaine comme en outre-mer, tous ces peuples ayant en fin de compte aucun rapport avec le « peuple français » car c’est un mythe jacobin de vouloir faire croire qu’il y a que des français à l’intérieur des limites administratives française. Cette conscience d’appartenir à un peuple ne peut se faire qu’au travers de l’identité niçoise revitalisée ces dernières années grâce au long travail de nombreux Niçois de souche comme d’adoption passionnés ayant permis de se réapproprier leur histoire et leur culture; ce travail n’est évidemment pas encore terminé, car on revient de loin après 155 ans de francisation des esprits, mais nous sommes sur la bonne voie.

A partir de là, une fois que l’on comprend cela, on se rend compte bien vite que les clivages idéologiques n’ont strictement plus aucun intérêt lorsqu’il s’agit de notre bien commun à tous, le Pays Niçois; je dirais même plus: ces clivages vont à l’encontre des intérêts du Pays Niçois. Et lorsque les niçois débarrassés des clivages partisans seront unis pour parler d’une seule et même puissante voix et avec une détermination sans faille, alors on pourra changer les choses. Avec cette même détermination et cette même seule et puissante voix les Niçois peuvent réclamer et obtenir plus encore qu’une région niçoise s’ils le veulent vraiment : l’auto-détermination à laquelle un peuple à droit.

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