Régionales 2015 : Pourquoi la candidature Estrosi n’est pas une bonne chose pour Nice.
Le maire de Nice, a récemment reçu l’investiture de l’UMP (avec un gros coup de pouce de son « ami » ex-président) pour être tête de liste aux prochaines régionales en PACA.
Certains à Nice, notamment parmi ceux que l’on peut qualifier de « groupies d’Estrosi», s’enthousiasment et voient d'un bon œil qu’un « Niçois » puisse devenir président de la région, pourtant ce n’est assurément pas une si bonne chose pour Nice.
M. Estrosi doit d’abord se faire élire, même si le PS régional payera les pots cassés de la politique du gouvernement perdant les élections les unes après les autres et même si le FN monte en puissance (M. Estrosi se présente déjà comme le « seul rempart » face à Marion Maréchal-Le Pen); l’élection régionale du maire de Nice est loin d’être « pliée d’avance ». Si l’UMP reprend du poil de la bête électoralement au point de présenter n’importe qui n’importe où (on peut sérieusement s’interroger sur le choix Estrosi alors que la région compte nombre d’élus UMP plus aptes pour cette fonction) la victoire n’est pas encore acquise pour la simple et bonne raison que M. Estrosi est un Niçois dans une région artificielle à dominante provençale et dirigée par Marseille: Niçois et Provençaux n’ont jamais pu s’entendre sur quoique soit.
Faisons un bref rappel historique : Nice a toujours tout fait pour s’affranchir de la domination provençale depuis 1108 où la ville s’érigea en municipe indépendant jusqu’à l’année 1388 où elle rejeta définitivement la Provence pour se tourner vers la Savoie (et la Péninsule italienne) avec la Dédition. Entre ces deux dates c’est 280 ans de conflits permanents alternant rébellion niçoise et reconquête provençale par les armes sans toutefois réussir à soumettre le Pays Niçois. La Provence n'arrivera à dominer Nice qu’après l’annexion frauduleuse de 1860 où Paris confisqua d’abord nos institutions au profit de Marseille: les Niçois pendant longtemps ont dû se battre pour les regagner comme par exemple l’université de Nice récupérée après des années d’efforts sous l’impulsion de Jean Médecin (dont nous fêtons cette année à la fois le 125e anniversaire de sa naissance et le cinquantenaire de sa mort), d’autres institutions et infrastructures perdues nous échappant encore comme la Cour d’Appel.
Ensuite Paris, toujours elle, nous plaça directement sous la tutelle de Marseille avec la création de la région artificielle « PACA ». A l’intérieur de cette région à la fois artificielle et à prédominance provençale, les Niçois ne s’y reconnaissent pas, refusant d’être assimilés à des Varois ou des Marseillais, surtout que les Niçois noyés dans la masse provençale sont devenus de fait une « minorité » dans cette région (la population du Pays Niçois représente 10% de la population de la région).
M. Estrosi, faisant partie de « la minorité niçoise », aura du mal à convaincre les provençaux qui n’accepteront pas forcément qu’un Niçois puisse les diriger. Le maire de Nice ne pourra évidemment pas jouer de la « nissartitude » avec eux comme il a l’habitude de faire à Nice avant chaque élection. S'il doit brosser les marseillais dans le sens du poil ce sont les Niçois qu’il prendra à rebrousse-poil et vice-versa. D’autant que personne n’oublie sa faculté à retourner sa veste quand cela l’arrange ce qui complique sa tache de candidat aux régionales : un coup le Motodidacte veut « marier Nice à Marseille » chantant les louanges de M. Vauzelle (pour aujourd’hui critiquer sa gestion) un coup il se tourne vers l’Italie en annonçant les « fiançailles entre Nice et Gênes » ou une autre fois il se recentre sur la Métropole Nice Côte d’Azur en déclarant que «La compétence économique doit être totalement assumée par la métropole, et non pas partagée avec la région » appuyant sur le fait qu’une « capitale régionale éloignée qui administre tout, ça ne marche pas » et en concluant que « La région ne nous apporte rien, ne nous a jamais rien apporté. Elle ne sert à rien et ne servira à rien demain » tout en prônant la suppression des régions et des départements. On se demande comment les provençaux pourront porter leurs suffrages pour un candidat multi-cumulard au poste de président d’une région qu’il dénigre tout en lui léchant les bottes ...
Admettons tout de même que M. Estrosi soit élu, deux questions se posent :
Première question : qu’en sera-t-il du cumul des mandats ? Le maire de Nice à la palme du cumul dans la région PACA et il promet que s’il était élu président de région il renoncerait à certains de ses mandats dont celui de maire (mais en restant au conseil municipal pour rester président de la métropole, pas folle la guêpe…), or les promesses d’Estrosi en matière de non-cumul les Niçois commencent à ne plus les croire, aux municipales de 2008 le Motodidcate déclara renoncer à tous ses mandats pour se consacrer à 100% à la mairie s’il était élu, on sait ce qu’il ce qui est advenu de cette promesse par la suite…
Deuxième question (et la plus importante pour les Niçois et les « fans de bac moins cinq ») : Est-ce que l’élection d’un Niçois à la tête de la région pourra vraiment avantager Nice ?
Allouer des subventions supplémentaires au Pays de Nice à fortiori pour les Alpes-Maritimes, cela entraînerait une diminution des subventions à d’autres ou de récupérer de l’argent ailleurs; hors on voit mal les élus provençaux représentant la majorité accepter, y compris dans le propre camp de M. Estrosi où des élus UMP Varois ou Marseillais regarderont midi à leurs portes d'autant plus qu’au conseil régional la proportionnelle est respectée et l’opposition y est beaucoup mieux représentée contrairement au conseil municipal.
En faisant miroiter l’avantage pour Nice de son éventuelle élection à la tête de la région, M. Estrosi s’assurerait surtout de maintenir Nice enchaînée à Marseille. Il faut se rappeler ses déclarations en 2008 fraichement élu maire lorsqu’il décida de « marier Nice à Marseille » en chantant les louanges de M. Vauzelle : « Quel que soit nos différences, le président Vauzelle a toujours utilement travaillé pour le bien être de notre région sans jamais oublier que Nice en était totalement partie intégrante » le maire rajoutant même que « la veille tentation du séparatisme n’a plus lieu d’être ».
Les promesses de subventions supplémentaires ne seraient en réalité qu’un moyen de rendre les Niçois encore plus dépendants des Marseillais, chose évidemment non acceptable. D’hypothétiques subventions supplémentaires c’est en réalité maintenir Nice sous la tutelle marseillaise en nous attachant avec des chaines dorées…
Que gagnerait le Pays de Nice ?
Les quelques éventuels subsides supplémentaires ne représenteraient en réalité qu’une fraction de ce que les habitants du Pays de Nice versent en impôts et taxes à Marseille; une région indépendante « Pays Niçois », affranchie de la tutelle provençale ferait beaucoup mieux en conservant l’intégralité de ses impôts et taxes versés à Marseille et au département (les Alpes-Maritimes sont à l’image de la PACA une entité totalement artificielle).
Ce dont a vraiment besoin le Pays Niçois, ce n’est pas faire l’aumône auprès de Marseille notre rivale depuis toujours mais de se libérer de la tutelle marseillaise dans un premier temps (puis parisienne dans un second temps) en retrouvant une « souveraineté régionale » via la création d’une « région niçoise » où le centre décisionnel soit à Nice et non à Marseille, pour que les habitants puissent décider par eux-mêmes en récupérant les moyens et les compétences confisqués par Marseille.
La PACA n’arrivera jamais à concilier tout le monde : Niçois et Provençaux ne s’entendent pas, ils seront toujours diamétralement opposés d’un point de vue historique et culturel et ne seront jamais satisfaits ni d’accord d’un point de vue économique et politique. La réalité est que cette région artificielle n’est absolument pas conçue pour abriter deux villes importantes en perpétuelle rivalité (et au détriment des Niçois) pour qu’elles puissent s’épanouir.