Municipales à Nice : Le RN, son candidat et les identités régionales
Philippe Vardon, le candidat du Rassemblement National (RN) à Nice déclare dans son programme « je ne veux pas voir nos traditions et notre art de vivre disparaître. Je ne veux pas que Nice devienne une métropole comme une autre, sans âme ni caractère » et « propose » le lancement d’un « itinéraire identité niçoise » dans les écoles primaires » et « l’extension des plaques bilingues au centre historique ». Après avoir fait tomber les masques du pseudo-régionaliste niçois, révélant son vrai visage de jacobin bien franchouillard, voilà qu'il rejoue au défenseur de l'identité niçoise pour les élections.
Si ce candidat souhaite vraiment que Nice ne devienne pas une ville sans âme et sans caractère, avec une identité niçoise ayant toute sa place…dans ce cas il n’aurait pas dû porter les couleurs de Marine Le Pen et du RN (ex-Front National) pour les municipales…
Le candidat RN aux municipales veut étendre les plaques bilingues français-niçois au centre historique ? Voilà ce qu’en pense sa présidente Marine Le Pen, qui dans l’émission Ripostes sur France 5 (épisode n°281 du 21 janvier 2007) à propos de la signalétique en Bretagne se faisant en français-breton : « On revient au bilinguisme ça c’est extrêmement grave » et qui selon elle « entraverait l’intégration » (oui, elle parle bien de Bretons « pas intégré », pas de migrants) on rappellera au passage que Marine Le Pen est pourtant d’origine bretonne ; si sur la terre de ses ancêtres elle ne veut pas voir de bilinguisme, imaginez donc ailleurs en France…
Le candidat RN veut instituer un itinéraire « identité niçoise » à l’école…mais son parti nie l’existence des identités régionales :
Marine Le Pen, encore elle, nie l’existence au sein de l’hexagone, de cultures autres que la « culture française » : dans une interview pour la chaîne généraliste publique catalane TV3 (27 novembre 2018) elle déclare au sujet du département des Pyrénées-Orientales (faisant partie des Pays Catalans) que « le fait que vous parliez catalan en France ne veut pas dire qu'il y ait une culture catalane en France. Cela n'a aucun sens »….si elle nie l’existence d’une identité catalane dans ce département, il n’y a pas de raison qu’elle reconnaisse une identité propre, qui a peu ou rien a voir avec la « culture française », dans les autres territoires…
Le candidat du RN dans son « itinéraire identité niçoise » veut entre-autres, permettre aux « petits nissarts » de s’approprier « leur langue », hors la bête noire du parti de Marine Le Pen, c'est bien les langues régionales :
Entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017, le secrétaire départemental du Front National à La Réunion, hostile à l'enseignement de la langue créole dans les écoles de l'île, affirma qu'en cas de victoire de Marine Le Pen à la présidentielle, l'enseignement du créole dans les écoles serait supprimé ! (Réunion 1ere radio - La1ere.fr, 2 mai 2017)
De manière générale, toute évolution favorisant l’enseignement où une co-officialité des langues régionales avec le français sont perçues comme du « communautarisme » ( ?!) et comme une atteinte à « l’unité nationale » ( ?!).
Dans un communiqué de presse en date du 4 octobre 2013, Bertrand Duteil de La Rochère, « Conseiller République et Laïcité » et porte-parole de Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2012, au sujet des revendications de co-officialité de la langue Corse ou d’autonomie, déclarait qu’avec « Marine Le Pen, le Rassemblement Bleu Marine se prononce fermement pour une République une et indivisible, s’opposant à tous les communautarismes, y compris régionaux » ! Le régionalisme ou le simple fait de défendre sa langue est donc mis, par Marine Le Pen, dans le même sac que… l’islamisme…
Quand le RN/ ex-FN parle de lutter « contre le communautarisme » sachez-le, il parle aussi des langues, identités régionales et toutes formes de régionalismes….
Mais c’est bien la « Charte européenne des langues régionales et minoritaires », qui matérialise cette hostilité farouche de Marine Le Pen aux langues et cultures régionales, vu comme « la balkanisation » de la France, et le « triomphe du communautarisme » où les députés FN (parmi lesquels Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard) votèrent à l’assemblée nationale contre la proposition de loi ratifiant cette Charte (la France étant un des derniers pays européen à ne pas l’avoir ratifié)
Face à la guerre acharnée que se livre le parti de Marine Le Pen contre les langues et identités régionales…comment peut-on croire un instant les pseudos-propositions du candidat RN sur la question de l’identité niçoise ?
De plus, ce candidat semble oublier (ou ne pas le mentionner volontairement) que les programmes scolaires restent au bon vouloir de l’Education Nationale (comme de la formation des professeurs en langues régionales) donc de Paris et donc du système jacobin, les communes gèrent peut-être les écoles primaires, mais n’ont absolument pas la mainmise sur le programme. Comme la sécurité d’ailleurs; la police municipale n’ayant pas les mêmes fonctions et n’est pas l’égale de la police nationale. Pour cela, il faudrait que les territoires soient véritablement autonomes politiquement et financièrement, ce que le Rassemblement National en bon jacobin n’acceptera jamais, toutes idées d’autonomie étant considérées, comme du « communautarisme »…voir comme un « obscurantisme » comme le tweeta Floriant Philippot lorsqu’il était encore Vice-Président du FN (4 juillet 2016).
Le candidat du RN aurait peut-être été plus crédible dans ses pseudos-propositions à l’époque, où il était encore le chefaillon de son groupuscule, déguisé en régionaliste à la nissardité de façade, qui par l’instrumentalisation de l’identité niçoise, à des fins idéologiques que l’on connaît …contribua grandement à trainer l’âme de Nice (qu’il affirme ne pas vouloir voir disparaître) dans la boue et qui, par sa récupération honteuse de nos symboles, diabolisa la notion même « d’identité »…